Je ne sais pas si je dois me présenter en premier ou poster là. J'ai fait trou-trou et c'est tombé sur ici, alors je poste.
Pseudo : Eden
Niveau estimé : Amateur, je dirais
Nombre d'année d'écritures (sans compter la scolarité) : *compte sur ses doigts* Quatre ou cinq
Genre écrit : J'écrit tout, avec une préférence pour ce qui est réaliste, ou à la rigueur avec une pointe de fantastique.
Texte test : Coup de sangJUKEBOX
Coup de sang
Attends-tu la rencontre ? Celle qui allumera cette lumière, la moitié, le sang ? Rêves-tu parfois de cette ombre noire que tu crois apercevoir en chacun? Scrutes-tu la nuit dans l'espoir de déceler ces yeux sombres qui reflètent les tiens? Tu sais, il arrive que cette personne arrive par des chemins cachés.
Voici une histoire de nuit.
†
Je les hais. Je les hais tous. Il se répète inlassablement ces mots, les gravant syllabes par syllabes dans son esprit, distillant son ressentiment, savourant sa colère. Du bout de sa cuillère en plastique, le garçon en noir et blanc remue son cocktail sans le boire. Les odeurs de sueur et de clopes le font suffoquer. Il supporte plus cette fumée, mais cette odeur entêtante le fait crever d'envie. Impossible de résister, il en a besoin.
"T'as une clope?"
La fille se retourne. De loin, il l'avait prise pour un mec, parce qu'elle a le crâne rasé et un gros blouson en cuir. Ses tous petits cheveux son très courts partout, avec juste une grosse frange topaze qui lui tombe sur les yeux. Elle le juge et lui tend enfin du bout des doigts un petit cigare et une boîte d'allumettes.
"Une boîte d'allumettes? T'as pas de...
-J'arrive pas avec les briquets le coupe la fille. La sécurité enfant est dure."
Il y a un instant de flottement. La fille a ce regard qu’ont les animaux délaissés. Elle part pas.
"Ton nom?" demande-t-elle brusquement.
Il tire sur le cigarillos et souffle la fumée, fermant les yeux comme un chat ravi.
"Moi c'est Charlie, ma jolie, and you?
-Bone" répond la jeune punk en souriant de ce garçon qui l'amuse.
Elle vole la cigarette de Charlie que la musique trop forte assomme. Elle écrase la cendre sur le comptoir et met le reste à sa bouche. Ses coudes sur le bar, elle prend son visage dans ses mains et regarde Charlie, narquoise. Le garçon avance la main pour récupérer ce qu'elle lui a pris mais elle est trop vive. Se défilant, elle tient la cigarette à bouts de bras, hors de portée.
La main de Charlie s'abat sur la sienne, mais ce n'est pas la bonne. Elle joue, la clope entre ses canines trop longues. Oh, darling, mon roman d’amour, c’est toi !
"Je vais l'avoir!"
Elle rit franchement.
"Tu crois ça?"
Le mégot rougeoyant plonge sur la main offerte. Les yeux de Charlie s'agrandissent mais il ne proteste pas. Il regarde Bone longtemps, intensément. Sa peau fume sous le mégot qui s'éteint. Quelque chose crie dans la poitrine androgyne de la belle fille. Elle ne se souvient plus de celui qui l'a regardé ainsi pour la première fois. On l’aime pas, Bone. Mais elle adore, elle. C’est une de ces filles qui fait croire au coup de foudre.
Doucement, doucement elle retire le mégot noirci de la grande main blanche de Charlie. Il colle un peu à la chair brûlée. Maintenant, la douleur se répand comme de l'eau chaude.
"Un souvenir pour moi chuchote-t-il.
-Tu en veux un autre?" lui répond-elle avec un regard de salope.
Elle est pas jolie, elle mord. Mais elle plaît à Charlie. Il lui prend le menton. Il y a des taches de quelque chose dessus. Qu'elle est pâle!
"Bien sûr que je veux autre chose."
Aussitôt, Bone se maudit. Elle n'aurait jamais dû faire ça, mettre ainsi en danger cet innocent pour son propre plaisir. Elle a pas le droit d'être heureuse. Il faut qu'elle se contrôle, mais maintenant il faut boucler l'histoire.
†
Le ciel passe du noir au pourpre, les étoiles s'éteignent. Bone s'est refroidie. Elle a peur de déchaîner le chien noir. Pourtant ses coups de patte lui font tellement mal.
Sur son cœur, un coup de griffe.
"Oh, t'as les yeux rouges, Bonie soupire un Charlie éméché. Tu m'embrasses, chérie?"
Bone sourit. Ce garçon est furieusement attendrissant. A-t-elle un jour été si touchante?
Elle ne sait plus. Cela fait si longtemps qu'elle erre ici, sans but, sur Terre, nuit après nuit. La tête lourde, elle s'agrippe à la veste qui sent le tabac, l'eau de Cologne et la sueur. Elle n'a pas le droit, mais c'est plus fort qu'elle. Il l'attire contre un mur au fin fond d'une ruelle déserte. La lumière du réverbère fait un rond jaune sur le sol encore luisant de pluie. Les yeux de Bone hurlent sa joie.
†
La fille chauve joue avec ses mains, les entrelace, ronge ses petits ongles cassés, assise sur le lit. La prudence lui ordonne de s'enfuir au plus vite. Chaque seconde qu'elle passe ici met Charlie en danger, et elle l'aime trop pour lui transmettre son malheur. Malgré tout, elle n'arrive pas à partir. Bone touche la nuque blanche, un grain de beauté. Impossible de le quitter. Pas maintenant. Peut-être même jamais.
Est-ce que c’est de l’amour ?
Elle se sent tellement seule.
Ses canines trop longues réclament le cou. Il ne faut pas. Elle ne doit pas transmettre ce malheur qui l'accable. Elle s'écarte, enfile son collant filé, puis elle revient. Elle peut pas.
Bone passe ses bras froids autour des épaules qui s'abaissent et qui montent. C'est fascinant, ce cœur qui bat. Elle enfouit son nez dans les cheveux poivre et sel. Il bouge un peu, marmonne quelque chose. Cela la fait rire. Elle approche la bouche du cou appétissant.
Il est beau!
†
Le ciel est bleu roi. Dans quelques temps, le rêve éclatera. C’est pas possible. Bone ramène ses genoux contre elle. Elle a envie de crier:
"Reste avec moi!"
Juste toi et moi. Cette envie de rester là où on est parce qu'on s'y sent bien. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sent à sa place. Oh, quelqu’un qui l’attendrait tous les soirs, quelqu’un qui la soutiendrait, ses mains blanches dans ses blessures !
Elle se penche vers Charlie. Elle agrippe le col de chemise ouvert de ses petits doigts fins amoureux. Ses dents coupent la peau blanche. Elle boit le sang à longues gorgées, le cœur oscillant entre joie et honte.
Ensuite, la belle fille tombe à genoux, la bouche dégoulinante, un trou dans la région du cœur