Pseudo : Mystia
Niveau estimé : Aucune idée...
Nombre d'année d'écritures (sans compter la scolarité) : 1 an et demi
Genre écrit : Pour ce texte, réalisme.
Texte test :
De légers coups frappés avec timidité vinrent troubler la paisible nuit d’été.
-Monsieur, elle a recommencé, annonça une petite voix, inquiète.
Un hurlement appuya ces paroles et se termina en sanglots avant de disparaître.
Las, le directeur jeta sa couette à ses pieds et se leva. Ses gestes, répétés toutes les nuits depuis maintenant huit longues années, étaient précis. Il enfila un survêtement gris, attrapa une lampe de poche grise, planta ses pieds dans des chaussons gris, et se dirigea vers la porte grise de sa chambre.
Quand il abaissa la poignée, le visage de Lucie apparut devant lui, à la lueur d’une bougie usée de servir tous les soirs. Les cheveux blonds de l’enfant cascadaient son dos avec de douces vagues, encadrant parfaitement son petit visage enfantin.
Cela faisait maintenant deux semaines qu’elle était arrivée à l’orphelinat, et elle n’était pas encore habituée à cette perturbation nocturne.
Pressée, elle saisit la main du directeur et l’entraîna le long du couloir gris jusqu’à une énième porte grise, non différentes des autres, mis à part le fait que de grands bruits d’agitation provenaient de l’intérieur.
-Lucie, écarte-toi, murmura le directeur à l’oreille de la petite qui tremblait de tous ses membres en entendant son amie hurler à la mort.
-Mais, monsieur…
-J’ai dit, écarte-toi, déclara-t-il plus fermement.
Son ton était sans appel. D’une poigne de fer, il poussa gentiment la fillette hors de son chemin, et ouvrit la porte. Avant d’entrer, il passa sa main dans les cheveux de la petite nouvelle et lui sourit pour la rassurer.
Comme tous les nouveaux arrivants dans cet orphelinat, elle ne comprenait pas. Tous les soirs, elle allait chercher le directeur pour qu’il fasse cesser ces cris. Pourtant, toutes les nuits, les hurlements reprenaient pour se terminer en sanglots. Mais ils ne cessaient totalement que quelques minutes après que le directeur fut dans la chambre.
Il entra dans la pièce et referma aussi vite que possible la porte, pour que Lucie ne soit pas choquée par ce spectacle. Elle n’avait que sept ans et serait effrayée de découvrir son aînée ainsi, dans un tel état de folie.
Son regard passa en vitesse sur le décor de la chambre. Des photos recouvraient la plus grande partie des murs grisés par le temps, comme le reste de l’établissement, et seuls quelques posters ensanglantés avaient réussi à percer la muraille de visages qui ne sourient pas.
Un bureau gris était plaqué contre le mur du fond, rangé et propre, tel un objet non utilisé. Ce qui était son cas. Les affaires de classe de la jeune fille y étaient disposées comme un trophée, attendant bien sagement le jour de leur inauguration. A quelques mètres du meuble se trouvait le lit de la jeune fille, collé au mur d’en face. L’adolescente y était allongée, et se débattait comme un Diable pour échapper à un ennemi invisible. Des mots sans rapports sortaient de sa bouche, et elle tentait de repousser quelque chose avec ses bras. Comme à chaque fois à l’arrivée du directeur, le corps de l’adolescente s’arqua comme si elle venait de recevoir un coup de défibrillateur.
Un gémissement de douleur s’échappa des lèvres de la jeune fille, inhabituel.
La lassitude du directeur se transforma en inquiétude, et il se précipita vers l’orpheline. En trois grandes enjambées, il fut à ses côtés, mais déjà la plainte s’était tue et la pensionnaire avait recouvré son calme. Elle reposait, endormie, sur ses draps. Ceux-là étaient trempés de sueur, et les larmes qui coulaient le long des joues de l’adolescente finirent sur eux. Même les yeux clos et l’esprit dans les bras de Morphée, elle n’arrivait pas à emprunter un air serein.
Son visage était toujours torturé.