Pseudo : Marly
Niveau estimé : J'ignore encore !
Nombre d'année d'écritures (sans compter la scolarité) : Trois ans
Genre écrit : Réel
Texte test : Extrait du chapitre 3, de Cathy Sweet contre le Dr Hell
J’arrivais devant le lieu dit une petite demi-heure plus tard. Je me garais sur un lit de feuilles mortes – nous étions tout de même en octobre – et sortais de l’habitacle. Le manoir était impressionnant. Haut d’une quinzaine de mètres, fait avec des pierres grises, qui avaient virées au noir, il dominait la plaine et la forêt qui l’entouraient. Le parc, immense, était laissé à l’abandon, et les roses rouges se mêlaient aux herbes hautes. Les feuilles tombant des arbres semblaient être les larmes des arbres qui regrettaient le temps où le domaine était rutilant de beauté. Des grilles, en fer forgé, hautes d’environ deux mètres, entouraient le manoir et le jardin. Je frottai mes mains sur ma mini jupe en daim chocolat, pour me réchauffer, et agrippai les barreaux de la clôture devant moi. Me haussant sur la pointe des pieds, je tentai d’apercevoir le Dr Hell à travers les fenêtres, nombreuses, de la demeure.
Je ne vis personne et n’entendis rien, aussi supposais-je qu’il n’était pas chez lui. Je m’approchais de la barrière, que je secouai énergiquement. Elle grinça sur ses gonds, et s’ouvrit.
Bizarre, me dis-je aussitôt. Pourquoi cette porte cédait à une simple impulsion ? Il ne l’avait pas fermée, de toute évidence. Etait-il sorti sans la clore, où était-il rentré ?
Je fronçai les sourcils, indécise, et scrutai la rue, m’assurant que personne ne me verrai. Je pouvais toujours mentir, songeai-je. Lui dire que le Dr Basquaise m’envoyait pour lui faire passer un test, qu’il avait oublié la veille. Forte de cette idée, que je jugeai parfaite, je m’aventurai dans l’étrange jardin.
J’étais presque parvenue à la porte d’entrée, lorsqu’un énorme bruit retentit, me faisant reculer précipitamment. Un horrible rire sardonique, grave et lugubre, annihila tous les autres sons, se répercuta contre les murs épais de la demeure, le faisant résonner étrangement, le rendant plus effrayant encore, si c’était possible. Je me cognais contre un arbre, terrifiée. Il y eut un bruit sec, un léger sifflement, et des petits « poc-poc ».
-Il faut s’abriter, les jours de pluie, fit une voix masculine, à mes côtés.
Je poussais un début de hurlement, mais une main froide se colla contre ma bouche, m’empêchant de crier.
-Taisez-vous bon sang ! souffla l’homme.
J’ouvris grands mes yeux, pétrifiée, et mon agresseur se déplaça légèrement, me permettant de le voir.
Il s’agissait, comme je le redoutais, d’un parfait inconnu. Grand, les cheveux bruns en bataille, il m’observait, ses beaux yeux bleus océan remplient de la crainte que je dévoile notre position. Je secouais la tête, lui assurant que je ne dirais rien, et il ôta ses doigts de ma bouche. Il jeta un coup d’œil à sa main et pesta :
-Pourquoi faut-il que les femmes s’enduisent de maquillage ?
Je croisais les bras, furieuse que tout mon rouge à lèvre ne se retrouve sur lui.
-Qui êtes vous ? Et que faites-vous là ? fis-je d’une voix sèche.
Il esquissa un sourire, et je décidais, bonne joueuse, de le classer dans la catégorie des hommes « beaux/charmants/limite acceptable ».
-Je me nomme Lucas Midds, se présenta-t-il. Détective privé.
Il avait le bras relevé, constatais-je, stupéfaite, avant de remarquer qu’il tenait un parapluie sombre.
Très bien. C’était ça le sifflement, et les « poc-poc » devaient être dû au bruit des gouttes sur la toile. Cela n’expliquait pas, en revanche, le rire démonique.
-Que fichez vous ? s’énerva-t-il soudain. Ça fait des mois que je suis après le Dr Hell ! Vous pouvez m’expliquer ?
Ah, je n’étais donc pas la seule à avoir pris en chasse cet homme étrange. Très bien. Je rangeais cette information dans le coin de ma tête, et adressai mon sourire le plus innocent au détective.
-Je traînais, mentis-je, sans me départir de mon air angélique. J’ai vu cette habitation. J’ai voulu la voir de plus près.
Il fronça les sourcils, suspicieux.
-Alors vous, quand vous voyez un endroit que vous ne connaissez pas, vous entrez ? Vous savez que vous c’est de la violation de domicile.
Je croisai les bras, furieuse. Il se prenait pour qui ?
-Et vous, là, vous êtes chez vous ? persifflai-je.
Il me jeta un regard agacé.
-Pas précisément, avoua-t-il. Mais je suis détective, je suis ici dans le cadre d’une enquête.
Il avait dit sur un ton important. Ce type là ne se prenait pas pour n’importe qui, songeais-je. Détective privé-limite-homme d’état. Je ne pouvais décemment dire que j’étais secrétaire médicale sans passer pour une idiote, et même si j’affectionnais mon métier, je décidais d’améliorer ma condition.
-Et moi je suis photographe-reporter !
Il haussa un sourcil, vaguement impressionné.
-Chez qui ?
Aïe. La colle. Autant mentir jusqu’au bout.
-Un petit journal. Il est en train de monter. Vous ne connaissez pas. Sweet & Vintolli Redaction.
Vintolli. Le nom de famille de Giulia.
Lucas Midds me sourit, apparemment convaincu.
Un horrible raclement retentit soudain, et il me tira brutalement à lui tout en se cachant derrière l’arbre énorme que j’avais percuté.
Le bruit s’arrêta aussi brusquement qu’il avait commencé, mais le détective ne relâcha pas son étreinte.
Il me jeta un regard protecteur, et mon instinct me hurla de m’enfuir à toute jambe.
-Je crois que je vais rentrer chez moi, fis-je d’une toute petite voix.
-D’accord, acquiesça-t-il.
J’attendis une seconde avant d’ajouter.
-Ce serait follement pratique, que vous me relâchiez, maintenant.
-Oh !
Il écarta les bras, et je pus de nouveau respirer, loin de l’odeur entêtante de Lucas Midds.
Je reculais lentement, lui adressai un vague salut de la main, et courus rejoindre la 2CV de Giulia.
Je grimpai rapidement, et allumai le contact, lorsque de petits coups contre ma vitre me firent sursauter. Les yeux grands ouverts de frayeur, je constatai, non sans soupir de soulagement, qu’il ne s’agissait que de l’apprenti Sherlock Holmes.
-J’ai été ravi de faire votre connaissance, fit-il galamment.
-C’est ça, grognai-je. Moi de même. A un de ces jours, peut-être !
Il sourit, voulu ajouter quelque chose, mais je démarrai le plus vite possible, le plantant là.
Frissonnant de la tête aux pieds, les yeux écarquillés de peur, je me pressais autant que je le pus, ne souhaitant qu’une chose : prendre une douche brûlante, et dormir… disons les dix prochaines heures.