Je me présente enfin ^^ Désolée pour le retard. J'allais régulièrement sur Origami mais je ne pouvais pas poster, pour une raison X ou Y. Maintenant c'est chose faite ^^
Pseudo : Lord Jawary Barbebloot
Niveau estimé : /
Nombre d'année d'écritures (sans compter la scolarité) : 6 ans.
Genre écrit : Fantasy pour cet extrait. Sinon poésie, fic et nouvelles.
Texte test : Il s'agit du prologue de mon tome II. Vous ne comprendrez peut-être pas tout, mais je ne pense pas que ça soit trop entravant, vu que seul le style est à juger.
Les ailes grandes ouvertes déployant majestueusement leurs longues plumes luisantes, le cou arqué, l’œil féroce, il plane. A peine un petit tangage quand le courant qui le porte s’essouffle ou s’enrage. Il connaît son affaire : il se laisse entraîner, ou bien il bat un peu des ailes pour rétablir l’équilibre, c’est tout. C’est machinal – c’est inné. Innée, cette façon de faire corps avec du vent, innée, cette grâce avec laquelle il dirige sa trajectoire : une ligne droite, quasiment, parfois une petite courbe, un virage ou une insensible remontée – on croirait suivre des yeux l’ondulation d’un serpent.
Ses serres sont rétractées sous lui, serrées contre le duvet du ventre, contre la seule petite source de chaleur qui subsiste en ces lieux. Car il est monté haut, bien plus haut qu’il n’aurait raisonnablement fallu. Autour de lui le monde s’est changé en un espace vague, sans contours. La seule réalité est celle du froid. Aucune limite, ni en levant le regard, ni en l’abaissant. Un coup d’œil vers la droite : unique obstacle, un bout de son aile, une rémige, fuselée, sombre et nette. Immense. Battant le vide en un mouvement lent tout d’abord, puis qui s’accélère, cingle, gifle, et s’élève avec légèreté pour se rabaisser ensuite : de palpable, ici, de vivant, il n’y a que lui.
Le temps est aux nuances grises et aux cumulus pesants. Les nuages se sont répandus autour de lui, opaques ou à peine visibles, mais toujours omniprésents, ralentissant son vol. Il inspire un grand coup avant d’entrer dans un nuage, frémit au contact de l’eau vaporeuse et glacée, mais ne pousse quand même pas la répugnance jusqu’à contourner l’obstacle. Il laisse l’eau déraper sur les plumes de son dos ou s’immiscer entre celles de son jabot, avec une indifférence un peu forcée. Le froid lui mord le cœur, la fatigue menace mais pas question de s’arrêter. Au fil de son avancée, il sait que ses battements d’ailes se feront plus lents, plus laborieux, que sa trajectoire deviendra hasardeuse et sa vue peu à peu brouillée. Et à ce moment-là, il sera temps de se laisser chuter, de livrer son corps aux éléments déchaînés en une chute inexorable, jusqu’à ce qu’il rétablisse son vol avant l’impact final. Braver la mort, ça ne se refuse pas. Il combat les lois naturelles à peu près comme il se nourrit. Par besoin.
A la tombée de la nuit, une silhouette sombre se pose à terre, replie ses ailes et juge les environs d’un œil impérieux. A première vue, l’oiseau semblerait appartenir à la famille des pies. D’une pie il a la longue queue noire, le plumage foncé émaillé de blanc, au niveau du ventre et en haut des ailes. En revanche, et c’est cela qui surprend, il est beaucoup plus petit. Il doit faire la moitié de la taille habituelle. L’œil est spécial aussi, très expressif, froncé, un regard trop intense qui fait froid dans le dos.
Il s’installe au sol pour dormir, à l’endroit même ou il s’est posé. Ici, pas un seul arbre. Les prédateurs ne l’inquiètent pas ; du reste, il ne restera pas ici assez longtemps pour attirer leur attention. Quelques heures de repos lui suffisent, après quoi il reprendra la route.
Naroèlc file vers le Nord.
Il voyageait seul, cette fois, seul, comme le jour où il avait fait le même voyage en sens inverse pour voir la nouvelle Laongarm de ses propres yeux. A cette époque, il se faufilait par les fenêtres ; lorsqu’il était parti, une semaine plus tôt, c’était carrément Daornolf qui s’était ouverte pour lui. Beaucoup de choses avaient changé, en très peu de temps…
Ces régions-là étaient celles où il avait passé sa jeunesse. Maintenant qu’il volait plus bas pour observer le paysage, il reconnaissait d’instinct ces plateaux, ces montagnes où demeurait une partie de lui-même… Terres nordiques sans grand charme, plaines d’herbes pauvres et de rochers figés dans la terre. Une austérité telle que pas un caillou ne paraissait avoir bougé depuis une année. Les Terres Mortes, les vraies, c’étaient elles, non ces régions où Laongarm se dressait. Parce que là-bas, on trouvait encore de la vie en suffisance. Ici, on ne vivait pas, on survivait. Les Neiges y étaient parvenues, se transformant au fil des générations en un peuple coriace capable de résister à la mort pendant des décennies : on trouvait des Neiges centenaires. Leurs ailes noires virevoltant dans les cieux avaient été, tout le temps de leur exil, la seule énergie réelle de ces terres à l’agonie. Maintenant… il ne semblait plus y vivre personne, à part les herbes et quelques animaux malingres.
Semblait.
Il était là pour ça : passer, repasser, ratisser la région, pendant des semaines, s’il le fallait. Il surveillait depuis six jours, consacrant toute sa vitalité à voler et à appeler de son jacassement rauque, sans recevoir une seule réponse.
Il ne se lassait pas. Ils allaient passer par-là, tôt ou tard, c’était leur route. Et ils allaient passer en si grand nombre qu’il ne pourrait pas les manquer.
Un nuage d’un noir mat surligne l’horizon. En-dessous, progressant sur le sol, des taches brunâtres, minuscules.
Des fourmis.
Naroèlc volte aussitôt. Cette fois ça y était. Un détachement, puis un autre et six autres plus loin… ses Neiges étaient parvenues à les ramener.
Les troupes sont disloquées – cela fait des mois qu’ils marchent, sans trop lassés de la route pour perdre du temps à attendre les derniers ou à marcher en rangs. Une subtile inclinaison des ailes et Naroèlc fond en piqué, curieux d’examiner les créatures de plus près.
Les fourmis se changent peu à peu en bipèdes, de taille humaine, et c’est lui qui rapetisse, rapetisse, au fur et à mesure qu’il quitte les cieux et se rapproche de ces êtres qui le dominent de toute leur taille.
Il y a des hommes, des femmes. Tailles diverses, visages variés. Il y a des traits majestueux et d’autres plus délicats, des crinières d’ébènes et des chevelures pâles. Aucune ressemblance entre eux, si ce n’est leur indéniable beauté.
Gestes déliés. Regards qui retournent l’âme. Et armée prête à servir.
Les Kolbars s’en vont au sud.
Sam 4 Oct - 9:44
