Origami
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 Chapitre 2 : Comme une débutante

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Tàri Eledwhen
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Chapitre 2 : Comme une débutante Empty
MessageSujet: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:42

Pas de prises, ou presque. Un mur quasi lisse. Parfait. Elle sourit.
- Qu’est ce que tu attends ?
La voix familière avait un peu perdu de sa rudesse au fur et à mesure que les mois passaient, au gré de ses progrès.
Elle sortit une dague de chacune de ses bottes, puis dégaina celle qu’elle portait à la ceinture. Ses armes. Il les lui avait données quelques semaines auparavant, lorsqu’il avait jugé son niveau suffisant. Elle n’en avait jamais utilisé en entraînement, mais lorsque, après les avoir acceptées, elle en avait fait la remarque, il s’était contenté de hausser les épaules.
- Un poignard est simplement une épée miniature, avait-il rétorqué. Maîtrise l’un, tu maîtriseras l’autre.
Oui. Et puis elle possédait son instinct. Un instinct très sûr qui ne l’avait encore jamais trahie en trois années d’apprentissage.
D’un geste empreint d’assurance, elle planta sa première lame dans un interstice, un peu plus haut que son genou droit, avant de grimper dessus pour insérer au niveau de son articulation gauche celle qu’elle tenait entre ses dents. Les mains crispées sur les protubérances rocheuses, elle se hissa. Levant le pied droit, elle profita de ses autres appuis pour récupérer la dague restée plus bas, puis répéta toute l’opération. Planter, se hisser, récupérer, grimper. De plus en plus haut, de plus en plus vite.
En quelques minutes à peine, elle avait atteint le haut de l’enceinte.
Un sourire furtif, froid et approbateur apparut sur le visage de son maître. Le premier. Mais elle ne le vit pas.
- Tu as l’intention de dormir là ? Redescend.
Pas de « apprentie ». Juste de l’ironie. Ca ne se produisait que lorsqu’il se montrait satisfait d’elle. Prenant quelques secondes pour ranger ses armes, elle se laissa ensuite glisser jusqu’au sol, le vent généré par la vitesse sifflant un instant à ses oreilles. Elle se réceptionna souplement en ployant largement les genoux, puis se redressa, ses longs cheveux noirs retombant dans son dos une fraction de seconde après son atterrissage. Une nouvelle victoire à son actif. Elle sourit.
- Ne te réjouis pas trop vite. C'était facile.
Évidemment. Quelles que soient ses réussites, il les minimisait toujours. Elle aurait presque pu deviner ce qu’il venait de dire.
- Je n’en doute pas.
Que pouvait-elle dire d’autre ? Elle savait que sa formation se trouvait très loin de son terme. Il ne le lui avait pas dit, mais elle s’en trouvait certaine. Elle ignorait combien d’années encore elle passerait près de lui avant qu’il ne la déclare prête à affronter les Épreuves. Car Épreuves il y avait, il s’agissait aussi d’une certitude, même s’il n’en parlait jamais.
- Viens.
Il se mit en marche sans ajouter un mot et elle haussa un sourcil en s’apercevant qu’ils n’empruntaient pas le chemin habituel. Une nouveauté dans leurs journées bien réglées ? Original. Où l’emmenait-il ?

~~~~~~~~~~~~~

Depuis des jours elle était calfeutrée chez elle. Non qu'elle ait peur, mais elle tournait et retournait sans fin dans sa tête la scène du bureau. Où son plan avait-il une faille ? Qu'est ce qui était allé de travers ? En tout cas, elle avait un sérieux problème sur les bras. Non seulement ce général de malheur était toujours vivant, preuve incontestable de son échec, mais en plus, il avait vu son visage. Sa devise « ne jamais laisser de témoins » perdait tout son sens à cause de lui. Mais elle avait été engagée, elle devait réussir. Quels que soient les moyens à employer, elle devait l'éliminer. Décidant qu'elle s'était assez terrée, elle enfila une cape aussi sombre que ses cheveux, en abaissa la capuche sur son visage, puis posa un masque pour dissimuler celui-ci complètement. Elle ouvrit ensuite la porte, puis sortit.
Les patrouilles avaient été multipliées et une partie de la garnison partie pour Arva'nah, la ville la plus proche, était de retour. Assis à son bureau, le général repensait à la campagne qu'il venait de repousser de quelques jours. Pas question pour lui de partir avant d'avoir réglé cette affaire d'assassin. Mais il avait deviné que celle dont il avait vu le visage n'était autre que la femme aux multiples surnoms. Cependant elle avait perdu un sacré avantage, qu’il s'était empressé d’exploiter en faisant circuler la rumeur qu'elle avait failli à sa mission. Que lui, Ankth'yor Dant'haras, l'avait mise en déroute. Rien de tel pour la diffamer dans son propre milieu...
En sortant, elle commença par gagner la plus proche taverne, pour glaner les renseignements qui lui manquaient. Assise avec un verre dans les mains, elle ne bougeait pas, attentive. Soudain l'écho d'une conversation. Quelques mots saisis au vol.
- Il parait qu'elle s'est complètement ridiculisée.
- Tu parle d'une Ombre...
Tandis que les deux elfes s'éloignaient, elle serra son verre jusqu'à s’en faire blanchir les articulations. Cette espèce de... Il s'était bien sûr dépêché de colporter son échec... A l'heure qu'il était, les dieux seuls savaient combien de personnes dans la capitale en avaient connaissance. Elle lui ferait payer cette humiliation, cette atteinte à son honneur.
Se levant comme un ouragan, elle déposa une simple pièce sur la table et sortit sous la pluie battante en laissant la porte de l'établissement ouverte.



Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas dormi. Il dut conclure qu'il lui fallait s'accorder ce luxe pour quelques petites heures. Mais comme d'habitude, il ne sommeillerait que d'un œil. Le guerrier quitta donc son bureau pour gagner ses appartements à la décoration austère. Là, il jeta sa cape sur un fauteuil et, s'assurant qu'il était bien seul, entreprit d'ôter son armure.
Quelques passes d'armes. Deux lames jaillirent. Cinq minutes à peine. Elle était résolue, déterminée. Ils n'avaient pas une chance devant sa colère froide. Les uns après les autres, ils tombèrent sur le pavé, souillant la pierre de leur sang. Personne n'interviendrait. Un face à face. Seule à seul.
De sa sacoche, le général sortit une pierre qu'il plaça sur sa table, puis invoqua la rune anti-intrusion qu'elle contenait. Personne ne pourrait dorénavant pénétrer le périmètre de ses appartements sans qu'il en soit prévenu. Cependant, préférant rester sur ses gardes, il décida de s'installer dans son fauteuil, près de la cheminée, après avoir éteint la lumière.
Une porte enfoncée avec fracas. Nulle discrétion cette fois. Uniquement son ressentiment. En hâte, elle traversa le labyrinthe de couloirs et parvint devant une porte. La porte. Quelques instants encore.
La pierre se mit à rayonner de sa chatoyante couleur écarlate. Le général se redressa, posant la main sur la poigné de l’épée qui reposait sur le guéridon, à sa gauche. Ainsi donc elle revenait déjà à la charge... Mais elle ne savait pas à quoi elle s'exposait avec cette pierre qui non seulement constituait la meilleure des alarmes, mais également un merveilleux piège...
Un coup de pied violent. De nouveau elle enfonçait une porte. Sa porte. Ils se retrouvèrent face à face. Quelques secondes. Elle attendait.
La pierre émit alors un son strident, plus que désagréable pour la moindre oreille, surtout elfique. Rayonnant plus fort encore qu'auparavant, le minéral enchanté lâcha tout autour de lui des traits d’énergie plus dangereux les uns que les autres qui fusaient en tout sens, sans aucune logique si ce n'était celle d'éliminer l'intruse.
Le sifflement, insupportable pour ses sensibles oreilles elfiques, lui fit perdre la concentration nécessaire pour lancer son sort de bouclier. Elle résista quelques minutes encore, mais, le cerveau vrillé par la fréquence du son, finit par s'écrouler, sans connaissance.
Un geste de la main suffit au général pour faire taire la pierre. La tueuse l'avait sous estimé et s'était ainsi elle-même jetée dans la gueule du loup. L'homme se leva, remit sa cape, puis ramassa le corps de la jeune femme avant de quitter les lieux.


Dernière édition par Tàri Eledwhen le Lun 29 Sep - 20:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:42

L'impression d'avoir la tête prise dans un étau et la sensation d'entendre encore l'effroyable son strident, elle ouvrit péniblement les yeux. Attachée. Elle était attachée, elle s’en aperçut immédiatement. Elle tourna la tête en sentant une présence dans la pièce. Lui.
- Toi...
Un mot. Un seul. Qui voulait tout dire.
- Oui, moi, se contenta-t-il de répondre.
- Qu'est ce que c'était, cette horreur ?
- Une pierre de protection...
Elle secoua doucement la tête, tentant ainsi de chasser le bourdonnement persistant.
- Tu as encore bien de choses à apprendre... Tyra...
Elle ne sursauta pas à la mention de son prénom et ne perdit pas son impassibilité non plus. S'il avait prévenu les gens à son sujet, c'était qu'il connaissait son identité. Elle se contenta de ricaner, mais il ne dit rien de plus, faisant preuve d'un calme dérangeant.
- Que veux-tu ?
- Qui ?
Une seule et unique parole. Mais il n'avait pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne.
Elle le toisa de sa place, un sourire railleur sur les lèvres.
- Tu aimerais bien le savoir n’est ce pas ?
Il ne s'attendait pas à obtenir une réponse facilement.
- Je le saurai... tôt ou tard... J'ai toute la patience du monde...
- Ca tombe bien, moi aussi...
- Faim et soif sont de cruels ennemis au bout de quelques temps...
Zenf retint une grimace. S'il jouait dans cette section... Comment s'était-elle retrouvée dans cette situation désastreuse ? Du regard, elle chercha comment s'échapper.
- Pas la peine d'y songer, j'ai placé des sentinelles magiques partout... lâcha-t-il sèchement sans bouger, comme s’il avait lu ses pensées.
- Quelle organisation... Je suis impressionnée... ironisa-t-elle.
- Je ne fonce jamais tête baissée moi...
- Tu insinue que c'est ce que j'ai fais ? Je ne suis pas une débutante.
- Vu ton arrivée de ce soir et ta pitoyable prestation, on pourrait en douter.
Cette réplique moqueuse fut débitée d'un ton cinglant.
- Tu me sous-estime général.
- Moi je te tutoie... toi pas... Enfoncer les portes des gens sans savoir vraiment ce qui t'attend pour finir dans les vapes... Bravo le plan... J'admire, fit-il en se redressant. Tu en as d'autre du genre ?
- Tu es mal parti général. Je fais ce qui me chante et te tutoie si ça me plait. Je tutoie tout le monde de toute façon, fit-elle en haussant les épaules.
Le guerrier esquissa un bref geste de la main. La cordelette dorée qui ligotait la jeune femme se resserra alors douloureusement sur ses membres. Dure à la douleur grâce au difficile entraînement subi dans son enfance, elle ne broncha pas, se contentant de le défier du regard. Mais les liens se resserrèrent encore jusqu'à entailler sa chair, l'homme restant à la fixer sans mot dire.
Une plainte. Une seule. Très brève. Presque inaudible. Elle reprit son air impassible.
D'un nouveau geste, il stoppa le sort mais ne desserra pas l'entrave pour autant.
- Je peux aller jusqu'à te tuer ainsi... même si je n'obtiens pas le nom... Ce n'est pas important, j'ai ma petite idée sur la question depuis un moment...
- Je ne parlerais pas. Je pensais que tu l'avais compris.
- J'ai saisis, ne t'en fais pas... J'ai déjà entendu ce que je voulais entendre...
Tyra réalisa alors que l'unique bref gémissement de douleur qu'elle venait de laisser échapper avait été entendu. Elle jura intérieurement, maudissant sa soudaine faiblesse.
Le général prit place sur un banc constitué d'une simple planche de bois attenante au mur et expliqua:
- Je ne suis pas un homme cruel tu sais. Mon prédécesseur t'aurait déjà livrée en pâture à ses hommes, ligotée pour qu'ils assouvissent leurs pulsions... Mais ce genre de chose me répugne...
- Quelle chance... fit-elle, toujours sarcastique malgré la honte qu'elle ressentait.
- Tu peux en effet appeler cela ainsi...
Le ton était posé, sans la moindre moquerie.
- Et que vas-tu faire de moi dans ta... grande mansuétude ? questionna-t-elle de même en ponctuant les deux derniers mots de guillemets imaginaires.
- Je veux que tu comprennes qu'il y a des choses bien plus importantes que ton contrat qui se jouent au dessus, dans une sphère de vie et de politique que tu ne peux connaître. Tu es une marionnette, rien de plus, t'en rends-tu compte ?
L'assassin haussa les épaules.
- Un contrat est un contrat. Peu importe qui le passe et pourquoi. Je ne m'en soucie pas.
- Et si je te propose le triple de ce qu'il t'a offert pour l'éliminer ? lança soudain le général.
- Je suis un assassin... mais j'ai des principes figures-toi. Tant que je suis liée à un contrat, je n'en accepte pas d'autre. Et tant que tu es en vie, le contrat n'est pas rempli.
- J'espérais cette réponse... commenta-t-il seulement en se levant. Je vais voir ce que je peux faire auprès de l'Empereur... Car il a ordonné que tu sois pendue en place publique à neuf heures demain matin...
Sur cette triste révélation, le guerrier se dirigea vers la sortie.
- Je ne suis pas un pion ! Personne ne m'utilise ni ne m'utilisera jamais ! s’exclama la jeune femme.
- Si tu préfères mourir... soit. Ce n'est donc plus de mon ressort...
Sur ces mots, il quitta la pièce sans un regard pour elle, verrouillant la porte derrière lui.
Restée seule, elle hurla sa frustration. Ce n'était pas possible ! Ca ne pouvait pas se terminer comme ça ! Elle ne pouvait pas mourir de cette façon pitoyable, comme un être faible ! Elle se concentra un long moment et incanta. Le nœud magique se dénoua. Ses liens tombèrent. Elle n'avait plus ses armes, pas même ses précieuses mitaines, mais cela importait peu : elle allait trouver un moyen de quitter cet endroit. Observant les murs dans leurs moindres détails, elle chercha une trappe, un passage secret, n'importe quoi, qui lui permettrait de... non pas fuir, car le mot induisait peur et faiblesse, mais plutôt... d’opérer une retraite stratégique. Pourtant, après avoir passé la pièce au peigne fin pendant plus d'une heure, Tyra dût se rendre à l'évidence : la pièce ne possédait qu'une unique issue. La porte qui lui faisait face, verrouillée et protégée contre les sortilèges. Elle contint à grand peine un nouveau cri de frustration, tandis qu’une vague de haine la submergeait. Elle crispa les poings et serra les dents. Elle avait échoué à cause de ce... Échoué... Échoué... Échoué... Le mot infamant se répétait en écho infini dans son esprit, ne s'estompant que pour revenir, plus fort encore, menaçant de la rendre folle. Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu en arriver là ? Tout en réfléchissant, elle fit les cent pas dans la pièce comme si elle cherchait à creuser un profond sillon dans le sol. Prisonnière... Prisonnière... Prisonnière... Pion... Pion... Pion... Ces deux termes résonnèrent à leur tour dans sa tête, se superposant au premier sans pourtant que celui-ci ne s'efface. L’elfe hurla. Un unique cri. Inhumain, suraigu. A la mesure de l'intense frustration qu'elle ressentait en cet instant. Elle tomba à genoux, la tête basse. Prête à s'abandonner au découragement. Elle n'avait jamais renoncé jusqu’ici, mais voyait mal comment échapper à l'ombre de la potence qui se profilait sinistrement devant elle. Demain matin, à neuf heures, elle ne serait plus. La vie de Tyra Zenf, assassin, prendrait fin définitivement sans que rien ne puisse l'empêcher. La jeune femme frappa rageusement le sol de ses poings, y ouvrant de fines plaies sanguinolentes lorsque la pierre mordit la chair tendre.
Elle resta ainsi, à moitié prostrée, pendant plusieurs heures, mais ne les vit pas passer. La porte s'ouvrit. Cette présence écrasante de nouveau. Il était de retour. Elle se releva dans la seconde. Mais Ankth'yor Dant'haras ne prononça pas un mot en entrant, se contentant de prendre place sur le petit banc, tout au fond, bras croisés sur le torse.
Elle le fixa, le défiant du regard, attendant qu'il prononce un mot. N'importe lequel. Elle se retrouvait dans la situation de ses victimes habituelles et détestait ça.
Le silence devint pesant tandis que le militaire restait impassible.
Mal à l'aise pour la première fois de son existence, elle se détourna, affectant de s'absorber dans la contemplation de l'ameublement spartiate. Sans pour autant le quitter du regard. Une seija en cage. Un animal sauvage assujetti. Voilà ce qu'elle était en cet instant. Et elle trouvait cette sensation extrêmement désagréable. Ses nerfs d'acier menaçant de céder traîtreusement sous la tension palpable, elle brisa le silence. Un mot. Un seul.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:43

- Rival.
Elle se sentait plus bas que terre de trahir ainsi son commanditaire. Elle avait des principes, mais venait de les fouler aux pieds en une seule parole.
- C'est ainsi que tu me vois ? lâcha-t-il alors de sa voix grave sans bouger.
Malgré elle, la surprise se peignit sur ses traits. Il ne comprenait donc rien ? Était-il stupide ou...
- Non.
Le guerrier haussa les épaules, se murant de nouveau dans le silence.
- C'est la réponse à ta question général.
- Elvethy Kend'al... déduisit-il alors. J’en étais sûr...
- Satisfait je suppose... maugréa-t-elle d'une voix sourde.
- J'ai demandé à l'Empereur de ne pas te tuer... Il me devait une seule et unique faveur... Voilà qui est fait, lâcha-t-il en guise de réponse.
Malgré son entraînement, la stupéfaction le céda à la rancœur sur les traits de l’elfe. Lui ? Lui son ennemi, lui qu'elle haïssait, avait demandé sa vie à l'Empereur ? Elle ne comprenait pas la raison d'un tel geste. Après tout, elle avait cherché à le tuer à deux reprises... C’était totalement illogique.
- Pourquoi ?
- Ta dernière réponse à notre entretien de ce matin...
Se remémorant ladite réponse, elle ne saisit pourtant pas en quoi elle lui valait sa grâce.
- C'est à dire ?
- Elle m'a prouvé que tu es quelqu'un de valeur, de principes, noble de caractère... Tu ne mérites pas de mourir. Tu dois juste ouvrir les yeux.
Insensible aux louages, elle ricana.
- Je me demande bien à quel propos....
- De ta position, fit-il en se relevant.
- Et quelle est-elle selon toi ?
- Celle de marionnette... ll y a des choses qui t'échappent je te l'ai déjà dit.
A son tour, elle croisa les bras, s'appuyant nonchalamment contre un meuble.
- Alors je t'en prie, éclaire donc le pauvre esprit qui est le mien...
Le sarcasme était presque tangible.
- Arrête un peu de réagir comme une gamine battue... lâcha-t-il, une pointe d'agacement dans la voix.
- La gamine te...
Le reste de la phrase se perdit dans un juron coloré prononcé dans sa langue.
Le général secoua la tête de dépit puis reprit :
- T'es-tu demandé pourquoi il voulait ma mort ? Je présume que non. Cela fait sept années maintenant, que j'occupe ce poste. Je m'efforce, contrairement à mes prédécesseurs, de défendre Sayanë en préservant la population des sévices que lui faisaient subir les militaires jusque là. Mais cette position ne plait pas à tous.
Silencieuse, elle l'écoutait attentivement, ne trahissant rien.
- Ce que je cherche à te faire comprendre, reprit-il, c'est que si tu me tuais pour le compte de cet homme, c'est le peuple entier qui en pâtirait, par ta faute uniquement. Es-tu prête à assumer cela ?
Ni son attitude, ni son ton sérieux ne trahissaient la moindre émotion chez le militaire. Aucune haine, aucun mépris. Rien.
- Tu ne cherche pas simplement à me faire rompre mon contrat actuel... comprit la jeune femme. Tu veux que je renonce totalement à accomplir ce qui m'a été commandé, quel que soit le commanditaire...
Elle avait prononcé cette phrase d'une voix neutre. Et il ne s’agissait pas d’une question.
- Si je voulais juste préserver ma vie contre toi, tu serais morte. Je veux que tu comprennes que tu peux faire mieux que ce que tu fais à présent. De toute façon, je ne te le cache pas, ton commanditaire sera mort avant demain matin...
- Tu veux me faire croire que tu te soucie de la vie d'un assassin ? questionna Zenf sans même relever l'allusion au décès prochain de l'autre militaire.
- Et pourquoi pas...
- Nul ne voit un assassin ni ne s'y intéresse. Ombre parmi les ombre, il est condamné à la nuit, récita-t-elle comme un précepte appris par cœur.
- Alors pourquoi n'ai-je pas laissé l'Empereur te faire passer à la potence ? Réfléchis-y bien, conclut-il en se dirigeant vers la porte. Je vais voir notre... "
« ami » commun. Contrairement à lui, je n'ai besoin de personne pour effectuer mes basses besognes.
- Je ne veux pas rester enfermée. Les elfes jamais ne durent entre des murs...
- Nous verrons cela demain. La nuit porte conseil, Tyra.
Sur ces quelques mots, il quitta la cellule en refermant la porte derrière lui, silencieusement.
Elle grimaça de nouveau à la mention de son prénom. Si peu de personnes l'utilisaient qu'elle finissait presque par oublier qu'elle en portait un.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:45

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Le tandem traversant un dédale de ruelles, toutes plus sordides les unes que les autres, l’adolescente finit par perdre le compte des diverses circonvolutions. S’il lui demandait de retrouver son chemin, elle s’en montrerait incapable. Un tournant, une ligne droite, un autre coin de rue… Ils avaient quitté la ville depuis un bon moment, s’enfonçant à présent dans la forêt. Après un long moment, ils finirent par s’arrêter devant une vieille tour qui semblait devoir s’écrouler au moindre souffle de vent.
- Qu’est ce qu’on vient faire ici ?
- Tu verras bien. Entre.
Jetant un regard méfiant à la bâtisse dont les pierres se trouvaient presque entièrement recouvertes de mousse, elle poussa l’antique porte, qui s’ouvrit en émettant un grincement très désagréable. Elle s’engageait déjà dans le vestibule, lorsqu’elle s’aperçut qu’il ne la suivait pas. Se retournant, l’elfe lui jeta un regard interrogateur.
- Tu y va seule.
Il ne l’accompagnait pas ? Voilà autre chose… C’était bien la première fois. Ca cachait quelque chose… Qu’y avait-il donc dans cette tour ?
- Dépêche-toi d’y aller sinon tu rentreras seule et de nuit.
Pas le choix. Haussant les épaules, elle commença donc à gravir les marches de l’escalier en colimaçon, intriguée. De longues minutes passèrent, mais elle grimpait toujours. Manifestement, il conduisait uniquement au sommet. Qu’allait-elle y trouver ? Ce fut un peu essoufflée qu’elle parvint en haut. Une nouvelle porte se trouvait devant elle. Devait-elle frapper ou entrer ? Y avait-il quelqu’un ? Elle n’eût pas le temps d’amorcer le moindre geste, car l’huis s’ouvrit de lui-même. Elle entra sans se poser de questions. Dans la pièce, manifestement habitée, régnait un inimaginable capharnaüm et un feu brillant crépitant dans l’âtre projetait des ombres dorées, mouvantes, sur les murs encombrés d’étagères toutes garnies d’épais manuscrits. Curieuse, elle s’approcha de l’une d’elles, avant d’en prendre un pour le feuilleter. Toutes les pages se trouvaient couvertes d’étranges symboles. Illisibles.
- Ce sont des runes, jeune fille. Les arcanes runiques sont inaccessibles à ceux qui n’ont pas été initiés à leurs secrets.
Elle sursauta en entendant la voix, légèrement chevrotante mais ferme, puis se retourna. Personne. Avait-elle rêvé ou… Surgi de nulle part, un vieillard à la longue barbe blanche se matérialisa soudain devant son regard médusé. Qui était-il ? Et surtout, comment avait-il fait ça ?
- Je me nomme Zandar. Je suis ce que le commun des mortels appelle un mage, déclara-t-il, répondant ainsi à ses interrogations intérieures.
Un mage… Un homme pourvu de pouvoirs magiques… C’était donc la raison de sa présence ici… Son maître n’avait pas oublié ce qui s’était produit dans la forêt… Il s’était souvenu de sa soudaine apparition devant lui.
- Vous n’avez pas l’air surpris de ma présence. Pourquoi ?
- Ma chère petite, quelqu’un qui voit l’avenir n’est jamais étonné de rien.
Voir l’avenir ? C’était possible ça ou ce vieil homme frôlait la sénilité ?
- Je ne suis pas fou contrairement à ce que tu semble croire.
Surprise, la jeune fille haussa les sourcils. C’était à peu près ce qu’elle venait de songer. Est-ce que par hasard…
- Vous lisez les pensées ?
- Pas exactement.
- Quoi alors ?
- Tu es ici dans un but bien précis.
Évidemment, il éludait la question. Ca n’aurait pas été drôle s’il avait répondu.
- Je suis ravie de l’apprendre étant donné que je ne sais même pas ce que j’y fais.
- Ne possèdes-tu pas quelques capacités spéciales ?
Son mentor lui avait donc tout expliqué… Mais quand l’avait-il fait puisqu’il ne la quittait presque jamais ? Elle haussa imperceptiblement les épaules. Peu importait après tout. Ca lui épargnerait la peine de le faire elle-même.
- Possible… fit-elle laconiquement en croisant les bras.
Son attitude, plutôt étrange pour une enfant de douze ans, amusa le magicien qui éclata de rire.
- Allons petite, ne te renfrogne donc pas comme ça. Je suis là pour t’aider à développer ces pouvoirs.
- Pour quoi faire ?
- Un don comme le tien est rare autant que précieux. Ne pas l’exploiter serait du gâchis. Et ton maitre a été formel : tu dois apprendre.
Elle retint difficilement un soupir d’exaspération. Apprendre, apprendre, apprendre… Ils n’avaient donc tous que ce mot à la bouche ?! Elle n’avait déjà pas eu d’enfance, puisqu’il la lui avait volée comme il lui déroberait sans nul doute son adolescence… Elle ne serait donc jamais tranquille ?

~~~~~~~~~~~~~

Le lendemain matin, Ankth'yor Dant'haras revint dans la cellule et, sans un mot, lança une bourse pleine aux pieds de la jeune femme.
Interdite, elle fixa l'escarcelle, puis demanda :
- En quel honneur ?
- Ton commanditaire n'est plus. Je pense que c'est ce qu'il te devait... Sa tête repose sur un pieu de la place centrale.
Elle était un assassin certes, mais un assassin honnête. Elle repoussa donc l'aumônière.
- Il m'avait payée d'avance, l'informa-t-elle. La bourse que tu m'a pris contenait les mille cinq cent zalen.
- Comme tu veux... fit-il en haussant les épaules. La nuit a-t-elle été bonne conseillère?
- Je déteste être enfermée.
Ce fut tout d'abord la seule réponse qu'il obtint d'elle.
- Je déteste qu'on s'introduise chez moi pour me tuer, répliqua-t-il avec ironie.
- Je ne faisais que mon travail... Tu aurais pu mourir sans douleur.
Le guerrier lâcha un éclat de rire, puis reprenant son sérieux rétorqua :
- Tu aurais pu mourir de façon très désagréable, pourtant tu vis...
- En effet. Tu veux une médaille ?
Plutôt mourir dans l'instant que témoigner de la reconnaissance. Ne dépendre de personne. C'était sa règle depuis un peu plus de dix ans.
Elle n'eut pas le temps de réagir. Avec une vitesse incomparable, il venait de la saisir à la gorge, la plaquant contre le mur d'une seule main. Les pieds de l’elfe ne touchaient plus le sol et l'air ne trouvait plus le chemin de ses poumons. Elle suffoquait. Inexorablement. Les yeux exorbités, elle ne pouvait que le fixer, incapable du plus petit mouvement ou du moindre sort, douloureusement consciente de la situation.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:45

- Je peux remettre les choses en ordre si tu veux, murmura-t-il alors d'un ton bien moins amical.
La jeune femme se trouvait dans l'incapacité totale de répondre. La force de cet homme était proprement ahurissante. Il la soulevait comme si elle n'avait pas pesé plus qu'une plume. Comme lui des années auparavant. Ce souvenir ranimant les braises d'une haine depuis longtemps éteinte, elle se débattit avec une énergie nouvelle, luttant pour faire de nouveau entrer l'air dans ses poumons en feu.
La rejetant sans cérémonie sur la couchette un peu plus loin, il lâcha alors :
- Ma tolérance envers ton insolence a ses limites...
- Met-toi à ma place deux minutes... Tu comprendras peut-être ma position.
- Parce que tu crois que je ne me suis jamais retrouvé enfermé aux mains d'un ennemi ? Seulement je n'ai pas eu autant de chance que toi...
- Ce n'est pas ce que je veux dire... mais tu n'es pas un assassin… Tu ignore ce qu'on ressent.
- Alors au lieu de te braquer, explique-toi...
- Je ne peux pas me montrer amicale avec qui que ce soit. Encore moins avec toi général. Je n'ai pas été entraînée pour ça.
- J'ai blessé ton honneur d'assassin en te faisant échouer, je m'en doute, mais je n'ai pas l'intention de mourir pour te faire plaisir. Il me reste trop à faire, lâcha-t-il d'un ton sévère qu'il n'avait jamais adopté jusque là.
De nouveau elle ricana brièvement.
- Je n'en doute pas...
La phrase sibylline pouvait revêtir plusieurs significations. Elle n'en donna aucune.
Le militaire revint vers la sortie, puis ouvrit le battant, avant de poursuivre son chemin à travers le couloir.
Abasourdie par cette sortie, elle perdit temporairement son flegme. La porte était demeurée ouverte. Elle n'avait plus d'entrave. Elle était libre. Libre de sortir. Libre de retourner chez elle. Pourtant elle le suivit. Il lui manquait des choses indispensables.
- Mes armes... Où sont-elles ?
- Je te rends ta liberté mais pas tes armes. Reviens me voir le jour où tu seras plus ouverte d'esprit. Nous en reparlerons, lâcha-t-il de l'autre bout du couloir.
- M’en priver, c'est me priver d'air. C'est me priver de mes moyens de subsistance. Tu ne peux pas faire ça.
- Tu as bien d'autres atouts je n'en doute pas... Ce n'est pas négociable, conclut-il durement.
Le guerrier empruntant un long escalier qui menait à l'extérieur, tous deux parvinrent rapidement dans la cour, près de la grille.
- Et si je promets de ne plus chercher à te tuer ? tenta-t-elle en désespoir de cause.
- Plus tard... Va.
Elle serra les poings et les dents.
- Je reviendrais général. Sois-en sûr. Je n'abandonne jamais.
Ses derniers mots. Elle s'éloigna sans se retourner.
- Je le sais... murmura-t-il dans le vide en regardant la fine silhouette disparaitre.

~~~~~~~~~~~~~

Les mêmes gestes. Les mêmes mots. Recommencer. Toujours. Inlassablement. Répéter sans fin les exercices jusqu’à se souvenir de toutes les formules, de tous les sortilèges. Fastidieux. Assommant. Mais visiblement, son ennui échappait au vieux mage qui lui faisait face.
- Tes gestes sont encore trop approximatifs mon enfant. Recommence.
« Mon enfant »… Elle détestait qu’il l’appelle comme ça… ce qu’il faisait pourtant à chaque fois qu’il s’adressait à elle… ou presque.
Chaque jour était parfaitement réglé : la matinée en entraînement ; puis la longue marche jusqu’à la tour dont elle connaissait à présent le chemin par cœur au point de pouvoir le suivre les yeux fermés ; les longues heures studieuses enfin, devant la table poussiéreuse, penchée sur un parchemin ou un livre.
Elle soupira.
- Et si vous m’appreniez des choses utiles pour changer ?
La question avait jailli d’elle-même sans qu’elle puisse l’arrêter. Le vieillard fronça les sourcils, puis la fixa.
- Insinuerais-tu que mon enseignement ne l’est pas ?
- Je veux surtout dire qu’apprendre à transformer un animal en bourse de cuir ou je ne sais quoi d’autre n’aura aucune utilité dans ma… profession.
- Prétendrais-tu savoir mieux que moi ce que tu dois apprendre ou non ?
Elle croisa les bras, l’air butté.
- Je ne « prétend » rien du tout. J’énonce un fait. Apprenez-moi plutôt à disparaître, à devenir aussi légère qu’une plume, à créer une bulle de silence… je ne sais pas moi. Mais quelque chose de plus indispensable que tout ce fatras.
- Tu es bien insolente, jeune fille… Tu mériterais que j’en fasse part à ton maître…
Elle grimaça, croyant déjà sentir sur son dos la morsure du fouet. Malgré son âge vénérable, ce type s’avérait donc aussi sadique et détestable que celui qui l’attendait en bas…
- Mais je ne le ferais pas, la détrompa le mage. Il est trop rare que de jeunes personnes de ton âge fassent preuve de caractère. Je croyais que Praven l’avait déjà fait disparaître comme il l’a fait avec de nombreux autres. J’avoue que ta résistance est étonnante au vu de ce que tu as subi.
Au fur et à mesure du discours, l’étonnement de la jeune elfe s’était mué en stupeur. Praven… Il s’agissait donc là du nom ou du prénom de son mentor… Elle n’aurait jamais pensé en avoir un jour connaissance.
- Vous le connaissez bien ?
Zandar ne répondit pas immédiatement. L’air songeur comme s’il méditait sa question, il s’approcha du feu crépitant qu’elle pensait de source magique puisqu’il ne rajoutait jamais de bûches pour l’alimenter. Le vieil homme le contempla quelques instants avant de répondre :
- Lorsque je l’ai connu, il n’était guère plus âgé que toi.
- Comment était-il ?
Sa curiosité se trouvait stimulée par cette improbable opportunité d’obtenir enfin des informations sur son bourr… son instructeur.
- Tel qu’il est maintenant. Ni plus ni moins.
Il y eu un nouveau blanc, seulement troublé par le crépitement du feu.
- Tu le déteste… fit de nouveau le mage.
Ce n’était pas une question. Juste une constatation.
- Qu’est ce qui vous le fait dire ?
- L’atmosphère de cette pièce est saturée des mauvaises ondes que tu dégage depuis que la conversation porte sur lui.
Elle ne répondit rien. C’était inutile puisqu’il savait.

~~~~~~~~~~~~~

Depuis des jours Tyra tournait en rond chez elle comme un poisson dans son bocal, cherchant comment se procurer de nouvelles armes puisque les siennes étaient restées en la possession de ce général de malheur. Elle avait caressé l’idée d’aller voir ce forgeron qui lui avait créé ses mitaines si spéciales… mais avait fini par écarter l’idée, comme toutes les autres. Elle ne parvenait pas à penser réellement à les abandonner, qui lui appartenaient depuis des années. L’idée qu’elles soient restées là-bas l’agaçait au plus haut point. Au comble de l’énervement, elle finit par ne plus tenir et attrapa sa cape dont elle s’enveloppa avant de rabattre le capuchon sur son visage. Elle devait récupérer ses poignards, son épée, ainsi que ses mitaines… coûte que coûte. Et cette fois, étant donné son absence de tout moyen offensif, excepté ses griffes qui ne lui seraient pas très utiles en l’occurrence… elle devrait… demander une audience pour lui parler. Idée qui la fit grimacer.
Pour la troisième fois, elle se glissa donc jusqu’au mur d’enceinte de la caserne, mais contrairement à son habitude, la jeune femme ne l’escalada pas. Elle se dirigea sagement vers la grille en bouillant intérieurement, puis s’approcha de la sentinelle en s’assurant que son visage restait invisible.
- Je voudrais parler au général, fit-elle en déguisant sa voix.
- Qu’est ce que tu lui veux ma mignonne ? rétorqua le garde.
Le terme la fit bondir, mais elle n’en laissa rien paraître, s’obligeant à répondre posément :
- Affaire personnelle.
- Parce que tu crois que j’vais perdre mon temps à aller l’chercher pour qu’il te reçoive pas ? Tu pense qu’il a que ça à faire ?
- Il me recevra, je n’ai aucun doute à de sujet. Appelle-le.
Un sourire torve naquit sur les lèvres de l’humain.
- Et j’aurais quoi en échange ?
Rapide comme l’éclair, elle l’attrapa au collet avant qu’il ait eu le temps de réagir, murmurant alors à son oreille en faisant valoir ses griffes :
- Une éventuelle possibilité d’avoir des descendants…
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:46

- A la garde ! hurla alors son captif tandis qu’elle le relâchait.
Et voilà… pour une fois qu’elle faisait les choses correctement, ça tournait au vinaigre.
Le cri alertant ses collègues postés non loin, ceux-ci se précipitèrent sur elle, la ceinturant pour la mettre hors d’état de nuire.
- Je n’ai pas d’arme messieurs… fit-elle, la voix toujours déguisée. Joli travail que vous faites là, qui vise à garrotter une femme désarmée…
Sur ces mots, l'elfe flanqua un grand coup de coude à celui qui se trouvait derrière elle, puis, se retournant, asséna un coup de poing à son collègue de droite. Elle s'apprêtait à continuer à les corriger, lorsqu'un coup la cueillit à l'estomac, lui coupant le souffle.
- T’inquiète pas. On va pas se contenter de ça, espèce de chienne… maugréa alors le premier garde d’un air mauvais.
Il essuya le sang qui lui maculait le coin des lèvres, tandis que ses camarades immobilisaient de nouveau la jeune femme.
- Si vous croyez que je vais me laisser faire… fit-elle lorsqu'elle eût recouvré une respiration normale.
Elle ne put poursuivre car l'un de ses agresseurs venait à nouveau de la frapper pour la faire taire. Le premier homme fit ensuite signe à ses camarades de l’emmener plus loin. Pendant le trajet, Tyra se démena comme une furie, mais malgré ses compétences, elle n’était en l’occurrence qu’une femme sans arme aux mains de cinq humains sans scrupules. Elle enragea, puis tenta une fois de plus de se dégager, ce qui fit tomber sa capuche et révéla son visage.
- Oh… très jolie… Je vais me régaler… murmura l’homme en la couvant d’un regard concupiscent.
Elle lui cracha au visage en le fixant sans ciller, mais la réaction fut immédiate : une gifle magistrale qui laissa une marque écarlate sur sa joue pâle.
- Tu vas voir comment je mate les garces dans ton genre… fit l’homme entre ses dents.
Ils se trouvaient à présent dans un minuscule recoin très sombre, où personne ne semblait jamais passer et, en dévisageant ses tourmenteurs, Tyra comprit soudain qu’elle n’avait que très peu de chance de leur échapper. Des souvenirs vieux de treize années refirent alors surface… Ca recommençait… Tout se reproduisait… Avec l’énergie du désespoir, elle tenta encore de se débattre, mais peine perdue, ils la maintenaient trop solidement. Brusquement, ses peurs passées revinrent elles aussi, se reflétant dans son regard.
Cette lueur de panique n’échappa pas au soldat qui s’en délecta, tout en commençant à déboucler son ceinturon.
Elle ne le supplierait pas. Elle ne s’abaisserait pas à ça… mais elle avait vraiment peur maintenant, comme à l’époque quand il... Fermant les yeux, elle serra les dents tandis que les amis du garde déchiraient ses vêtements.
Mais soudain, alors qu’elle se voyait déjà profanée, elle vit son bourreau s’écrouler en poussant un cri, un poignard profondément fiché entre les omoplates. Plusieurs autres gardes se précipitèrent dans la foulée pour arrêter leurs collègues. Délivrée de ses entraves et tremblante de la frayeur qu’elle venait d’avoir, Tyra ramena sur elle les lambeaux de tissu qui ne couvraient plus grand-chose, avant de glisser au sol, se recroquevillant sur elle-même sans parvenir à comprendre comment elle en était arrivée là, elle d’ordinaire si méfiante.
C’est alors que le général fit son apparition devant elle. Sans un mot, il l’aida à se relever, puis couvrit la quasi nudité de la jeune femme avec sa propre cape qu’il posa sur ses épaules. Il fixa ensuite les derniers soldats fautifs, se tourna vers ses hommes loyaux et, d’un ton d’une sévérité sans égale, leur ordonna de préparer la potence pour le lendemain matin. Il se tourna enfin vers le cadavre, pour récupérer son poignard dans un geste de mépris ostensible.
Machinalement, la jeune femme resserra autour de son corps les pans du vêtement qui, bien trop grand pour elle, traînait sur le sol. Encore choquée, le regard flou, elle paraissait en cet instant plus fragile que jamais, mais ne semblait pas s’en rendre compte. C’est pourquoi elle le suivit sans protester lorsqu’il la guida vers le bâtiment. Elle ne se trouvait pour le moment pas en état de réagir autrement que mécaniquement. Juste avant de passer la porte, il s’arrêta pour ordonner à son aide de camp de se débrouiller pour trouver des vêtements convenables à l'assassin, puis il emmena celle-ci jusqu’à son bureau. Là, il l’invita à s’asseoir, ce qu’elle fit sans prononcer le moindre mot, encore tremblante d’effroi. Le militaire resta silencieux un moment, avant de se décider à prendre la parole.
- Je suis désolé de ce qui s’est passé, déclara-t-il ensuite. J’ai placé des vigies magiques un peu partout, justement pour prévenir ce genre de choses et pouvoir intervenir à temps. Les hommes qui t’ont sauvée sont une escouade spéciale qui n’agit que dans ce genre de cas.
Un nouveau silence. Un blanc qu’elle finit par briser.
- J’ai juste voulu respecter les règles pour une fois… murmura-t-elle.
- Je sais. Je t’en remercie.
Cette voix calme, honnie quelques jours auparavant, elle la trouvait apaisante en cette circonstance.
- J’étais juste venue te demander…
- Je sais, répéta-t-il de même.
Elle releva les yeux sur lui, dont elle ne voyait toujours pas le visage.
- Rends-les-moi s’il te plait…
Pas un ordre. Ni même une demande. Presque une prière. La première de sa vie. Aujourd’hui, sa dignité bafouée, elle n’était plus à ça près.
- Accepte d’être mon hôte juste pour ce soir, pour me faire pardonner ce qui s’est passé… demanda-t-il.
- Tu me les rendras ensuite ?
- Reprend déjà tes esprits.
- D’accord…
Un murmure. Un souffle. Mais elle était sûre qu’il avait entendu. Elle regarda le feu qui crépitait dans la cheminée sans rien dire de plus. Qu’ajouter d’autre ? Il venait de la sauver d’un sort bien pire que la mort… elle ne pouvait pas faire moins que d’accepter son invitation.
Un bruit. Quelqu’un frappait à la porte. Elle sursauta comme une débutante mais se détendit en voyant entrer le second de son interlocuteur. Celui-ci lui remit quelques vêtements, puis s’en retourna après avoir salué son supérieur.

~~~~~~~~~~~~~

- Aujourd'hui, nous allons faire quelque chose de tout à fait différent, annonça Zandar lorsqu'elle eût prit place.
Tyra retint un soupir lassé. Allons bon, qu’allait-il encore lui faire faire ?
En constatant sa mine, le vieux mage retint un sourire, puis poursuivit :
- Un peu de géographie te tenterait-il ?
La question éveilla l'intérêt de la jeune elfe, qui arqua un sourcil, surprise. Une nouveauté et pas de magie ? Intéressant.
- Je vous écoute, fit-elle avec le plus grand sérieux.
Le vieil homme avait déjà constaté que son élève aimait apprendre, qu'elle se montrait attentive dès lors qu'un sujet de l'interpellait. Il allait donc en faire en sorte de la contenter.
- L’Empire de Sayanë, commença-t-il, est entouré de trois pays : Milo au nord, Feilyl à l'est et Ternal à l'ouest. La majeure partie, traversée de part en part par la tumultueuse Lywan, est dirigé par le couple impérial avec Llinmaï pour capitale. Cependant, une enclave existe au sud-ouest, c'est Karv’ahl, la patrie des elfes noirs, qui, bordée par les montagnes du Krayn, n’est accessible qu’en traversant le dangereux col de Frÿr. La seule autre façon d'y entrer résidant dans la traversée des vertigineuses chutes d’Amon Var, que forme la Lywan lorsqu'elle passe par les montagnes. Mais personne n'est assez fou pour s'y risquer. Cela dit, je n'en parlerai pas davantage car cela constituerait une leçon entière, ce qui n'est pas le but. L'Empire est divisé en huit provinces, dirigées chacune par un Prentali. D'ouest en est, on trouve donc : Vaden, Streia, Alfen, Remys, Berel, Illyn où se trouve la capitale et enfin la forêt de Talann, au centre, qui est une province à elle seule.
La jeune fille prit un air songeur laissant penser qu'elle réfléchissait à ce qu'il venait de lui dire, puis interrogea :
- Si l’Empire est coincé dans les terres, comment peut-il y avoir des docks à Llinmai ?
La question, pertinente, ne surprit pas le vieux mage. Il commence à connaître l’intelligence de sa jeune disciple.
- C'est très simple, mon enfant. Ce que tu as toujours pris pour la mer est en réalité un lac titanesque du nom de Salian. Les docks de notre capitale se trouvent sur un golfe.
- Et la forêt ? demande encore Tyra, aussi curieuse qu’avide d'apprendre.
- La forêt de Talann, dans laquelle se situe cette tour, est un sanctuaire. Nul ne peut y faire montre d'une quelconque violence sans encourir sa colère.
- La colère de la forêt ? releva la jeune fille, incrédule.
- C'est exact.
- Mais c'est impossible !
- Qui es-tu pour définir ce qui est possible ou pas ? fit alors le sorcier en fronçant les sourcils. Il y a bien des choses que tu ignores, mon enfant. Ne juge pas sans savoir.
Un moment passa, pendant lequel aucun des deux ne prononça le moindre mot, puis le vieux mage poursuivi :
- Outre Llinmai, l'Empire compte quatorze villes principales. Sais-tu lesquelles ?
Tyra secoua la tête. Jusqu'à présent, elle n'avait guère eu l'opportunité de se renseigner sur le pays dans lequel elle vivait. Quand en aurait-elle trouvé le temps avec son dur entraînement ?
- Il y a Flën, Sanira, Darom, Firdan, Wëna et Sa’hri au nord-est ; Faë et Karlann au nord-ouest ; Kwamar, Zelinda, Marpan et Dang au sud-ouest, la renseigna-t-il.
- Mais elle ne fait que onze, remarqua leur la jeune fille à qui rien n’échappait.
- En effet. Car bien qu'importantes, Falar, Frÿr et Atsekiel, situées en Karv’alh, sont des exceptions.
- Frÿr comme le col de Frÿr ?
- Exact.
- C'est leur capitale en somme, résuma la jeune elfe.
- Cela s'y apparente effectivement.
Un nouveau silence, puis, lorsqu'il fut certain que son élève n'avait plus de questions à ce propos, le vieil homme enchaîna :
- Sayanë possède également sept villes-garnison, ainsi qu’un port militaire : Palès, située à l'extrême nord-est ; Norsan située au nord-ouest ; Arva’nah, un peu au nord de Llinmaï et dont tu as certainement entendu parler car c'est la plus importante (Tyra hocha la tête en guise d’assentiment) ; Delzan au nord-est et enfin Cuini au sud-ouest. Cardas, sur la rive est du golfe, est également un port militaire ; quand à Ÿldÿra, elle est située en Karv’alh et n’est peuplée que de militaires elfes noirs.
Le mage fit une nouvelle pause pour observer avec attention son interlocutrice. Cette petite possédait une capacité de concentration étonnante. Cela le fit sourire légèrement.
- Connaît d’autres rivières ou fleuves en dehors de la Lywan que j'ai cité tout à l'heure ?
De nouveau un signe de tête négatif tandis qu'elle tentait de retenir ce déluge d'informations.
- L’Illyn, prend sa source non loin de Faë et se jette dans le fleuve à environ douze lieues d’Arva’nah. La Vinici, qui traverse aussi la forêt de Talann, nait entre Flën et Firdan. L’Arséli, elle, serpente entre Darom et Palès en les traversant. Quand au Kdar, il nait en pays Karv’alh et s’y jette dans la Lywan. Tu suis toujours ?
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : Comme une débutante   Chapitre 2 : Comme une débutante Icon_minitimeLun 29 Sep - 20:52

- Oui oui.
Elle aurait voulu prendre des notes, mais Zandar refusait qu'elle le fasse. Il prétendait qu'à son âge, la mémoire suffisait largement retenir tout ce qu'elle devait savoir.
- Pas de question ? Tu en es certaine ? insista encore l'humain.
- Non, ça va.
- Parfait, alors tu vas pouvoir prendre ce parchemin pour y tracer la carte dont je viens de t’expliquer les méandres.
À cette annonce, Tyra soupira. Évidemment, un piège. Elle aurait dû se douter que ces questions successives, cette insistance, cachaient quelque chose. Une seconde fois, elle expira bruyamment avant de saisir la plume posée devant elle. D'après maladroit, hésitant, elle traça les contours de l'Empire, puis ceux de ses voisins, ainsi que ceux du lac. Réfléchissant intensément, la jeune elfe entreprit de placer approximativement les différentes cités et garnisons. Un long moment passa, pendant lequel elle n’inscrivit plus rien. Puis, mobilisant toute sa concentration, elle se lança sur les rivières, incertaine quant à leur emplacement exact. Les villes, les garnisons, les rivières... Qu’oubliait-t-elle ? Ah… La forêt et les plaines ! Elle se hâta de compléter sa carte. Juste à temps.
- Tu as terminé ?
- Je crois.
- Montre-moi.
La jeune fille lui tendit le feuillet et il le parcourut rapidement.
- Parfait. Tu as une excellente mémoire, mon enfant.
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