Rogue amoureux ? [en cours d'écriture]

* Chapitre 1 *
Une découverte improbable

- Et je terminerai en vous présentant quelqu’un qui va rester avec nous quelques temps : mademoiselle Trix Fanart, présenta Dumbledore.
A la mention de ce nom, les portes de la Grande Salle s’ouvrirent à la volée, cognant violemment contre le mur et, sous le regard ahuri de Ron, une jeune femme entra d’un pas rapide. Fine, élancée et gracieuse malgré sa jupe longue, son corsage ajouré et ses bottines uniformément sombres, elle était plutôt agréable à regarder. D’une main fine aux ongles longs et vernis de cette même couleur, elle écarta rapidement de devant ses yeux une mèche d’un noir de jai qui gênait sa vue. Des yeux qui, Ron le nota lorsqu’elle passa près de lui, étaient semblables à des perles noires et ressortaient donc étrangement dans un visage ovale d’une pâleur presque surnaturelle.
Sans un sourire, elle traversa la pièce pour rejoindre le Directeur de l’école, scrutant tout et tous d’un regard sombre qui semblait voir au travers de toute chose.
L’entrée de cette beauté glacée réfrigéra quelque peu la bruyante assemblée d’élève.
- Mademoiselle Fanart est un jeune professeur, qui, n’ayant pas encore reçu d’affectation, passe d’école en école afin de découvrir d’autres façons d’enseigner, expliqua Dumbledore. Elle a déjà été reçue à l’Académie Beauxbâtons et à l’Institut Durmstrang, et elle termine donc à Poudlard le voyage d’études débuté voici presque deux ans. (puis, s’adressant à la jeune femme) Mademoiselle, si vous souhaitez dire quelques mots aux élèves…
Chacun s’attendait à ce qu’elle prenne la parole, mais, contre toute attente, et bien qu’elle marmonnât entre ses dents, les élèves purent distinctement l’entendre répondre « c’est inutile. Vous avez tout dit ». Visiblement surpris, Dumbledore l’invita néanmoins à s’asseoir. Elle hocha brièvement la tête, et, toujours sans sourire, se dirigea vers l’unique place libre de la table des professeurs : celle placée à la droite de Rogue. La voyant approcher à, celui-ci se leva, et, sans un mot, avança la chaise de la jeune femme qui s’assit sans même lui accorder un regard.
- Dites, vous avez vu la même chose que moi à l’instant ? demanda Ron, ahuri, à Harry et Hermione.
- Oui, confirma Harry, et je n’en crois pas mes yeux. Rogue s’est préoccupé de quelqu’un d’autre que lui-même.
- Et vous avez remarqué comme ils sont semblables ? C’est frappant, poursuivit Hermione.
Il était en effet difficile de dire le contraire : tous deux de haute taille et d’une minceur extrême frisant la maigreur, ils avaient les mêmes cheveux de jais, et possédaient un regard sombre capable de vous glacer les sangs. Leurs visages pâles étaient aussi austères l’un que l’autre, et cette impression de sévérité était renforcée par des vêtements aussi noirs que leurs chevelures. La seule différence notable, en fait (outre le fait évident qu’ils étaient homme et femme), résidait dans la beauté du visage de Trix, qui rendait plus ingrat encore celui de Severus Rogue.
Les trois adolescents avaient du mal à comprendre comment une personne aussi jeune que Trix Fanart (qui, de l’avis d’Hermione, ne devait pas avoir plus de 25 ans) pouvait être si lugubre.
- On la croirait sa jeune sœur, ajouta Ron, vigoureusement approuvé par ses deux amis.
Pendant tout le festin, ils ne purent s’empêcher leurs regards de bifurquer vers la table des professeurs, mais il ne s’y passait pas grand-chose d’intéressant : la jeune femme mangeait et buvait (très peu d’ailleurs) dans le silence le plus total, sans plus s’occuper de ses voisins que s’ils n’avaient pas existé. A un moment donné, Rogue tenta de lui dire quelque chose, mais ne reçut en échange qu’un rapide coup d’œil… qui le dissuada manifestement de pousser plus avant la conversation.
- Mince, vous avez vu le regard qu’elle lui a lancé ? Même lui ça l’a refroidi, constata Ron à mi-voix. C’est un vrai glaçon cette fille. Belle mais glaciale.
- Oui, approuva Harry, mais moi, ce qui m’intrigue, c’est l’attitude de Rogue. Vous avez vu ? Il a l’air… subjugué. Enfin autant que Rogue peut en avoir l’air bien sûr. Il m’a même semblé voir sur son visage cireux une espèce de rictus qui pouvait passer pour un sourire.


Cette impression se confirma dès le lendemain, au premier cours de potions, lorsque Trix fit son entrée dans le cachot sans frapper ni même s’annoncer. Le sombre professeur se retourna instantanément, faisant face à l’intrus avec, sur le visage, le genre d’expression qui terrifiait tout le monde. Expression qu’il perdit en découvrant l’identité de l’intrus.
- Oui ? fit-il en fixant sa jeune consœur d’un regard aigu qui ne sembla pas la déstabiliser le moins du monde.
- Ce n’est rien, professeur. Faites comme si je n’étais pas là, dit Trix, prenant la parole à voix haute pour la première fois depuis son arrivée la veille au soir.
A la regarder, on aurait pu croire sa voix aussi dure et tranchante que celle de l’homme qui lui faisait face, mais il n’en était rien. Au contraire, rauque et chaude, elle formait un contraste plutôt saisissant avec son apparence.
Elle se dirigea vers le coin le plus sombre de la pièce, s’adossa au mur, et, les bras croisés sur la poitrine, se mit à observer.
Après cette entrée pour le moins inattendue, Rogue, visiblement troublé par la présence silencieuse de la jeune femme, eût bien du mal à reprendre le cours de sa leçon, et en oublia même Harry, dont la potion avait pourtant pris une affreuse couleur et dégageait une odeur nauséabonde.
- Hé, vous savez ce que je crois ? souffla alors Hermione à ses deux camarades. Je crois que notre vieux Rogue est amoureux.
- Rogue ? Amoureux ? releva Ron sur le même ton. Tu rigoles ? Ce type n’a pas plus de cœur qu’une pierre. Comment voudrais-tu qu’il aime qui que ce soit ?!
- Pourtant Ron, dit encore la jeune fille, regarde comment il se conduit depuis son arrivée. Tu l’a déjà vu faire ça avant ?
L’adolescent devait bien admettre que non, mais il n’était pas prêt à se laisser abattre.
- Ce ne veut rien dire et puis… Non, ça ne doit pas être lui. Ca doit être… un double fabriqué avec une potion pour éviter d’assister à ces repas qu’il déteste.
La supposition sembla tellement ridicule à son interlocutrice, qu’elle ne put se retenir de lever les yeux au ciel en soupirant :
- Ronald, ce serait reposant si une fois de temps en temps tu arrêtais de dire des bêtises. La vérité crève les yeux. Pourquoi refuses-tu de la voir ?
- Parce que c’est… impossible. Rogue amoureux, c’est presque aussi impossible qu’Hagrid qui ne ferait plus de gaffes.
- Ronald tu es désespérant… lâcha finalement Hermione.
- Et j’apprécierais que tu arrête de m’appeler « Ronald » tout le temps. J’ai l’impression d’entendre ma mère.
- C’est ton prénom que je sache, rétorqua-t-elle sèchement, mécontente d’être comparée à une femme de plus que quarante ans.
- Dites, vous n’êtes jamais fatigués de vous disputer tous les deux ? intervint alors Harry qui avait gardé le silence jusque là. Ron, ne sois pas idiot, tu vois bien qu’elle a raison.
Une fois de plus, songea Potter dans la foulée.
Maussade, le jeune Weasley replongea le nez dans son assiette en repensant à tout ce qu’il venait de voir et d’entendre.
Bah, finalement, ce n’était pas si étrange. Ne disait-on pas que « qui se ressemble s’assemble » ? Et il ne faisait aucun doute que ces deux là allaient parfaitement ensemble. Ils étaient manifestement faits pour s’entendre.