L'inquiétude d'Injobelis

Perdue au milieu des dunes argentées, une elfe regardait la mer. Le va-et-vient régulier des vagues apaisait son esprit et sa respiration. Derrière elle, un elfe de son âge arrivait,
marchant d'un pas pressé. Il s'arrêta pour regarderaussi la mer, fasciné par son mystère.

"Avez-vous des nouvelles, Hen'jin'dren ?"
Elle n'avait pas détourné la tête pour poser la question, ce qui surprenait toujours l'Anando.
"Non, je suis désolé, ma dame."

Un bref silence, elle soupira et se leva.
"Il est temps de rentrer. Peut-être viendront-ils demain ?"
"Gardons espoir, ma dame."

La tente avait été dressée derrière les plus hautes dunes, afin d'être protégée des vents
marins. Elle était très grande et pouvait accueillir une cinquantaine de personnes. A vrai dire, c'était plus uneune maison de toile qu'une tente de voyage.

Injobelis se prélassait dans un bain parfumé, bercée par les murmures de la nuit. Les étoiles brillant dans le ciel soulignaient sa peau diaphane et l'étoile sous la peau de son front étincelait, animée par ses soeurs célestes. Cette étoile dans son front témoignait de son origine fabuleuse : elle était une Irillindë, une Elfe des Etoiles.


Son peuple était le plus fascinant d'Ambelymë, un peuple héroïque que tous appelaient à la rescousse quand tout espoir était perdu. C'était pour son peuple, parti au loin, qu'elle s'inquiétait. Non pas que le continent féerique fut dangereux, au contraire une longue amitié reliait la Terre d'Argent à la Terre d'Or. Non, c'était la requête du messager, un sphynx, qui l'inquiétait.

Tandis que sa femme de chambre peignait ses longs cheveux argentés, Injobelis se rappela la rencontre.


Elle avait eu lieu une lunaison auparavant, sous cette même tente. Ambassadrice des Irillindi à Carthann, Injobelis avait accueilli le sphynx et écouté sa requête.
"Madame, avait-il dit après une élégante révérence. J'ai un message de la part des peuples de la Terre d'Or. Depuis plusieurs lunes, la végétation se flétrit et noircit et des enfants sont également couverts de plaques noires qui les démangent au point qu'ils n'en dorment plus et pleurent sans cesse. Nous avons tout essayé et en dernier recours on m'a envoyé ici pour demander votre aide. J'ai appris qu'une délégation irillindë était à Carthann et je suis venu directement vous voir."

D'un signe grâcieux de la main, Injobelis l'avait incité à poursuivre et il avait expliqué que les peuples de la Terre d'Or étaient pris d'amnésie, les uns après les autres. Ils avaient essayé tout ce qui était en leur pouvoir mais avait dû se résigner. Maintenant, ils se tournaient vers les Irillindi et ceux-ci avaient naturellement accepté de les aider.

Injobelis regrettait de n'avoir pu les suivre mais sa fonction lui interdisait de quitter la Terre d'Argent. Elle repensa avec amertume à sa décision de remplacer sa soeur Karylis pour ce poste. Elle repoussa la main de sa femme de chambre et se leva.
"Je vais m'habiller toute seule, s'il vous plaît,"ajouta-t-elle.
"Bien, ma dame."

Elle se coucha entre des draps de lin parfumé et essaya de se détendre. Malheureusement, cette nuit-là, le sommeil lui échappa.

Le style est très bon et l'ambiance féérique, mais le fait que tu reviennes à la ligne aussi souvent rend la lecture difficile.

Je sais, ce n'était pas voulu. J'ai corrigé cela. En fait, j'avais écrit normalement mais quand j'ai valider ma réponse, cela m'a donné une page comme tu l'as lue. Dis-moi, si c'est mieux maintenant.

Effectivement, c'est nettement mieux pour la compréhension du texte^^ j'avais du mal à comprendre à qui appartenaient les noms mais là c'est tout de suite plus clair. =)

Les elfes des etoiles font un peu cliché, mais le fait d'introduire un sphinx (on en rencontre pas souvent dans l'heroïc-fantasy) contre-balance ça.

Les Elfes des Etoiles existent depuis longtemps dans mon univers. J'aime tellement les étoiles et les elfes que j'ai voulu les associer .

Personnelement, j'adore ton monde Ith!!

Va vraiment falloir que je me remette à lire Morgane! ^^

Tu me fais rougir ! J'essaie de le rendre attrayant et ce n'est pas toujours facile. Contente qu'il te plaise.

Oui, il me plait beaucoup beaucoup!!

J'ai repris Morgane depuis le chapitre XII (j'en suis au XIII) et je coince. Morgane ne m'inspire pas en ce moment.

Bon, la suite de la nouvelle.

Les vents étant favorables, le bateau accosta au port de Hepal, deux semaines et demi après avoir quitté Carthann. Mykonos, le messager sphynx, s'en félicita, vu que la traversée durait un mois et demi normalement.
Hepal, dans le royaume des Nymphes de la Mer, était une petite ville tournée vers la mer. La navigation et la pêche constituaient les principales activités. Chose étonnante : les femmes naviguaient et pêchaient pendant que les hommes restaient à la maison. Ces derniers s'occupaient des enfants jusqu'à ce qu'ils fussent assez grands. Les filles suivaient ensuite leurs mères sur les navires.
La capitaine du Fend-les-Vagues, Ogiane, descendit dans le carré avant où les Irillindi et Mykonos discutaient de la situation en Terre d'Or. Mykonos craignait que l'énigmatique maladie eut envahi le continent en entier. Un jeune Irillindë aux yeux d'opale et aux cheveux noirs refletés du violet velouté des iris, Sianovel, demanda polimment la parole. Son supérieur, Argan, la lui accorda.
"D'après ce que vous avez dit, messeigneurs, une maladie se propage sur cette terre. Nous ignorons si elle touche tous ceux qui posent le pied sur ce sol ou si elle se cantonne aux natifs de la Terre d'Or. Dans le premier cas, nous aussi nous serons touchés et risquons de rapporter cette maladie chez nous. Dans le second, nos amis ici présents serons touchés à plus ou moins longue échéance et nous nous retrouverons seuls dans une contrée dont nous ne connaissons rien pour faire face à un problème peut-être insoluble. Ai-je bien compris la situation ?"
"Oui, Sianovel, et vous avez même mis en lumière une question problématique. Il va falloir décider de la stratégie la moins dangereuse," répondit Argan en se lissant le menton.
Ogiane s'éclaircit la gorge et les têtes se tournèrent vers elle, curieuses. Argan lui demanda si elle souhaitait participer au débat. A la réponse affirmative de la nymphe de la mer, il lui demanda :
"Et avez-vous une idée sur ce que nous pourrions faire?"
"Malheureusement, non. Je crois qu'il n'y en a aucune. Je pense qu'il faudrait qu'un natif de cette terre et un elfe s'y rendent. Ainsi, lorsqu'ils reviendront, nous pourrons peut-être connaître quelle est la nature de ce mal."
"Mais que proposez-vous de faire si les deux deviennent amnésiques?"
"Dans ce cas, je propose de leur laisser une semaine. S'ils ne sont pas revenus au terme de ce délai, nous aviserons de ce qu'il faut faire."
Les regards, admiratifs, se portèrent à nouveau sur la jolie jeune femme aux cheveux vert et bleu. Sa proposition fut unanimement acceptée.
Sianovel se porta volontaire pour descendre à terre. Lezavial, une jeune nymphe de l'équipage, l'accompagna. Mykonos et Argan les abreuvèrent de conseils qu'ils écoutèrent attentivement, en se promettant de s'y tenir. Puis, après les voeux de chance de leurs compagnons, priant les dieux de ne pas les abandonner, ils franchirent la passerelle qui reliait le Fend-les-Vagues à la terre ferme.

Rohhh, j'adore.

Par contre, je ne sais pas si cela est fait exprès ou non, mais je trouve le dialogue très répétitif! -_-''

Ce n'était pas fait exprès . Disons que je l'ai écrit d'un jet pour essayer de ne rien oublier et que je ne l'ai pas encore réécrit. J'attend l'illumination subite

L'histoire est sympathique et reposante. J'aime beaucoup. Le dialogue est, en effet, un peu répétitif ; mais si c'est une première version, tu pourras corriger ça.

A quand la suite ?

Bientôt. Peut-être ce weeken-end. Pour les dialogues, je veux bien de l'aide parce que ça c'est vraiment mon point faible.

J'ai repris le passage du dialogue, j'espère que c'est mieux. Dites-le moi, s'il vous plaît.

Bon.... La suite (après tout, j'en ai écrit un petit bout, je peux vous le faire lire^^)

Lasse de ne pouvoir dormir, Injobelis se leva et sortit hors de la tente. Les étoiles commençaient à s'estomper, signe que le jours n'était plus très loin.
Hen'jin'dren l'aperçut, fine silhouette en longue robe fluide, marchant pieds nus sur les dunes. Il l'aimait bien et la voyant un peu agitée, il s'alarma. Il avait été désigné auprès d'elle pour l'assister et servir de lien entre elle et le roi de Carthann. Si Injobelis avait des soucis, il lui appartenait de l'aider à les régler.
Avec un soupir, elle reconnut qu'elle connaissait très peu de choses sur la Terre d'Or. En tout premier lieu, elle ne savait pas combien de jours étaient nécessaires pour traverser la mer. Peut-être n'étaient-ils pas encore arrivés ? Elle ne croyait pas à cette hypothèse. Au fond de son coeur, elle sentait que quelque chose n'allait pas.
Sans remarquer la présence de l'Anando, Injobelis marcha vers la plage. Les couleurs devenaient pastel et la mer était étale. Même la nature arrivait à se reposer.
Tout en se promenant, la jeune fille prit une décision. Elle en parlerait ce matin même, lorsque tout le monde serait réuni. Oh ! Elle s'attendait aux récriminations et autres objections mais sa résolution était ferme et irrévocable.
A présent, les soleils s'élevaient à l'horizon, teintant de leurs rayons pourpre et carmin la mer, la plage et le ciel. La beauté du spectacle attirait de nombreux Anandor et la baie se trouva bientôt remplie de monde. Les Elfes des Soleils vénéraient les deux astres-rois. La légende racontait qu'ils étaient nés à l'aube, à une époque où il n'y avait encore qu'un soleil, et que leurs regards et leurs âmes avaient été transportés d'amour pour cette astre et sa lumière. Leurs peaux avaient pris une teinte hâlée, leurs cheveux étaient devenus dorés.
Les chants anandorin reflétaient cet amour. Ils étaient plus beaux, plus passionnés que ceux des autres peuples elfiques, plus attirés, eux, par les astres de la nuit. Injobelis, bien qu'elle préférât les étoiles et la lune, adorait écouter les elfes de Carthann célébrer l'aurore. Elle se prit même à chanter avec eux.

A plat ventre sur une grosse branche d'un chêne séculaire, Sianovel surveillait l'homme qui cheminait, sans se rendre compte qu'il était surveillé, sur la route qui serpentait jusqu'à Clémiate, une ville d'importance moyenne du royaume féerique de Nyta.
Les Humains, jeune peuple d'Astraië, exploraient parfois les autres continents. Sianovel n'en avait jamais vu et ses yeux détaillaient avec curiosité le spécimen qui s'offrait involontairement à lui. Celui-ci était de taille moyenne avec des épaules larges. Il marchait lourdement et ses pas s'entendaient à des kilomètres à la ronde.
L'elfe releva la tête et chercha Lezavial du regard. Depuis que l'amnésie avait frappé la nymphe de la mer, Sianovel se préoccupait de son bien-être.
Ils avaient quitté Hepal une semaine auparavant déjà, soit trois semaines et demi après avoir embarqué sur le Fend-les-Vagues, à Carthann. Lors de leurs pérégrinations, ils étaient parvenus à Nyta et ce fut à ce moment que l'amnésie toucha Lezavial.
Une fois passée la terreur d'être lui aussi atteint, l'elfe des étoiles avait décidé de rebrousser chemin pour rejoindre le bateau et expliquer la situation aux autres. Lezavial, affolée, l'avait suivi. Il était son seul point de repère.
"Que fait cet humain ici ?"
L'homme passait sous la branche où l'Irillindë s'était accroupi. Curieux, celui-ci sauta sur l'humain et le plaqua au sol. L'homme, surpris et effrayé, se débattit de toutes ses forces et l'elfe eut beaucoup de mal de à le maintenir au sol.
Finalement, Sianovel se releva lestement. Il épousseta ses vêtements et regarda l'homme toujours à terre. L'autre lui rendit son regard, sans ciller mais avec étonnement. L'elfe lui tendit la main pour l'aider à se relever.

L'humain grogna quelque chose d'incompréhensible avant d'essayer d'assomer l'elfe. Ce dernier ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il hurlait mais il était évident que l'inconnu était en colère. De toute évidence, les humains n'appréciaient pas qu'on leur tombe dessus sans crier gare. Cela fit sourire Sianovel et ce sourire attisa la rage de l'humain.
Plutôt que d'en venir aux mains, ce qui n'allait rien arranger, Sianovel préféra user d'une technique souvent efficace quand un enfant fait un caprice. La comparaison de cet humain grand et bâti pour le combat avec un enfant capricieux illumina malicieusement les yeux sans pupille de l'elfe. Exécutant son idée, il tourna ostentatoirement le dos à l'humain qui continuait à brailler de rage et l'ignora.
Une question trottait dans la tête de l'Irillindë : pourquoi ne comprenait-il pas ce que disait l'humain alors qu'il comprenait très bien la langue des peuples de la Terre d'Or ? A peine cette interrogation fut-elle formulée qu'il se souvint de l'alliance passée entre la Terre d'Argent et la Terre d'Or. Celle-ci permettait aux ressortissants des deux continents de communiquer facilement grâce à une langue commune apprise dès le plus jeune âge : l'idalois, du nom de la petite ville d'Idal, sur la Terre d'Or, où cette alliance avait été conclue. Aucune alliance de ce genre n'avait été scellée avec les Humains. Pourtant, les Potentiels s'étaient rendus sur Astraië des siècles plus tôt et avaient aidés les Humains de l'époque. Ils avaient donc compris leur langage incompréhensible même sans alliance.
Tout en réfléchissant, Sianovel sentit une attaque de la part de l'autre excité et l'esquiva. Les Potentiels... Ces elfes, les meilleurs magiciens d'Ambelymë après Lindorion, le dieu de la magie, avaient dû recourir à un sortilège pour pouvoir communiquer avec les Humains. Cela n'avait pas dû être compliqué pour eux. Il y avait bien longtemps qu'on n'avait nulle nouvelle de ces six héros de la Terre d'Argent. Un jour, un soleil noir était apparu dans le ciel. Sianovel était alors enfant et sa grand-mère lui avait raconté que ce soleil se montrait parfois et c'était alors synonyme de graves troubles. Les Potentiels s'y étaient rendus et n'étaient jamais revenus. Ils avaient disparus ainsi que le soleil noir.
L'indifférence affichée de cet individu aux oreilles en pointe énerva prodigieusement Yvain Ugor, humain voyageur originaire du nord d'Astraië, une région giboyeuse où les enfants apprenaient très tôt à se défendre contre les ours qui y pullulaient. Fils d'un seigneur, il concevait très mal qu'on pût ignorer sa présence. En outre, cet outrecuidant avait osé lui sauter dessus et ne s'excusait même pas ! De rage, il donna un violent coup de poing à son agresseur qui l'évita avec l'agilité grâcieuse d'un félin. Fasciné par sa rapidité, le voyageur s'immobilisa un instant avant de l'invectiver de nouveau.
Lassé d'entendre l'humain crier, Sianovel se retourna et, rapide comme l'éclair, se retrouva derrière lui. D'une main ferme, il l'empêcha de crier et de l'autre bloqua ses mouvements. Il était très fort malgré sa taille mince et son air fragile.
ｫArrêtez de hurler et de vous agiter, par tous les dieux ! Je ne vous veux aucun mal.ｻ
Ce fut plus l'étonnement de comprendre l'inconnu que ses paroles qui calmèrent Yvain.

***

Comme elle l'avait prévu, la décision d'Injobelis reçut un concert de protestations passionnées. Agenouillée devant le trône du roi de Carthann, la jeune elfe écoutait les arguments des un et des autres avec un petit sourire.
Réclamant le silence, le souverain donna son opinion.
"Injobelis d'Eland'Iria, vous êtes ici en tant qu'ambassadrice de votre nation. Souhaitez-vous réellement quitter cette fonction pour rejoindre les vôtres en Terre d'Or ?"
"Je le souhaite, Majesté. Je m'inquiète beaucoup pour eux et je sens que je serai plus utile là-bas qu'ici. Je me rend compte que ma résolution est sans précédent mais je ne peux pas faire autrement. S'il vous plaît, ne m'empêchez pas de partir !"
"Vous pourriez envoyer quelqu'un. Pourquoi voulez-vous y aller vous-même ?"
"Qui pourrais-je envoyer ? Non, inutile d'essayer de me convaincre. Je partirai avec ou sans votre accord. Cependant, je préférerai l'avoir. Me le donnerez-vous, Votre Altesse ?"
"Allez-y avec ma bénédiction, Injobelis. Je désire tout de même savoir qui tu vas nommer pour te remplacer dans tes fonctions."
"J'y ai déjà pensé, Sire, et je crois que le sieur Hen'jin'dren serait parfait dans ce rôle."
"En avez-vous parlé avec l'intéressé ?"
"Pas encore, Majesté, mais je suis certaine qu'il acceptera."

Injobelis ne s'était pas trompée : Hen'jin'dren accepta de la remplacer. Par contre, il ne le fit pas sans avoir d'abord protesté et essayé avec tous les arguments possibles de la convaincre de rester. De guerre lasse, il finit par capituler, se déclarant honoré de sa confiance.
Dès ce petit problème réglé, la jeune ambassadrice fit préparer un navire et pour cela elle demanda l'assistance des Symilyëni, les Elfes Marins, parce qu'évidemment c'était eux les experts en matière de navigation et de construction navale. Lesdits constructeurs symilyëni se lancèrent de bon coeur dans la construction d'une nef effilée, conçue pour filer comme une flèche et pour résister aux assauts parfois violents de la Mer d'Or. Oh ! S'il n'en avait tenu qu'à eux, ils se seraient contenter de voyager sous la mer jusqu'à arriver en Terre d'Or. Symilyëni signifiait aussi Elfes Aquatiques et par conséquent ils étaient capables de respirer sous l'eau. Bien sûr, le voyage aurait pris trop de temps et Injobelis aurait manger ses mains à force de s'inquiéter et de s'impatienter, mais les paysages aquatiques de la Mer d'Or étaient dignes d'intérêt. Les guides touristiques sirènes (ce métier commençait à fleurir sur Ambelymë, malgré les protestions de nombreuses populations) se faisaient une joie -et une fortune- de faire découvrir les Mont du Triton ou la Fosse de la Sirène aux touristes béats et bégayant d'admiration.
Le bateau prêt et baptisé La Flèche, Injobelis embarqua avec tout un équipage réuni pour l'occasion. La construction du navire avait été achevée en des temps qui feraient pâlir de jalousie les chantiers navals de la Terre. Pourtant, Injobelis s'était fait sans cesse du sang, trouvant que c'était bien trop long et, pour avoir la paix, le chef des travaux lui avait suggéré de trouver un équipage. En regardant la coque bleue et effilée de la nef, l'Irillindë se demanda pourquoi il fallait donner un nom à un bateau. Pour pouvoir le supplier de ne pas sombrer, lors d'une tempête ? "O Louise II, ne sombre pas s'il te plaît ! N'envoies pas tes passagers à trois cents mètres par le fond, je t'en supplies !" Pfff ! C'était stupide, le navire chavirerait quand même. Une autre remarque se forma dans son esprit : celui qui avait nommé le bateau La Flèche n'avait pas beaucoup d'imagination. Elle se promit de le changer le plus tôt possible.
Finalement, après beaucoup d'attente et d'impatience, Injobelis grimpa sur le navire, suivie un peu moins vélocement par l'équipage, et fit larguer les amarres. L'ordre fut exécuté si rapidement que le mousse, levé en retard, arriva au moment où la passerelle d'embarquement se repliait et il dut montrer ses talents d'acrobate en sautant dans le vide, s'accrochant à une corde pour faire une figure complexe et attérir sur le pont. Ecroulés de rire, les marins le félicitèrent chaleureusement et le surnommèrent Le Singe.