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 Profession, assassin Chapitre 1 : Premier contact

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Tàri Eledwhen
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Tàri Eledwhen


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MessageSujet: Profession, assassin Chapitre 1 : Premier contact   Profession, assassin   Chapitre 1 : Premier contact Icon_minitimeMar 16 Sep - 22:52

- Dis maman, tu joue avec moi ?
La question émanait d’une fillette aux longs cheveux noirs, qui devait avoir environ 5 ans. Elle tirait sur la jupe de sa mère avec insistance, mais celle-ci, occupée dans la maison, ne semblait pas y faire attention.
- Allez maman ! S’il te plaît ! Je m’ennuie ! tenta encore la petite fille.
- Oh Tyra, ça suffit ! Occupe-toi toute seule, je n’ai pas que ça à faire ! répliqua l’elfe d’un ton où perçait un vif agacement.
- Mais maman…
- Et ne reste pas dans mes jambes ! ajouta-t-elle brutalement en s’éloignant à l’extrémité de la pièce.
Aucune tendresse, aucun amour ne transparaissait dans la voix maternelle. Encore une fois, l’enfant eût l’impression de la gêner, d’être un poids… de ne pas être désirée. Les grands yeux bleu glacier, plein de larmes difficilement contenues, suivirent ses mouvements, mais Tyra se garda bien de l’approcher de nouveau. Elle ne tenait pas à recevoir une gifle ou un coup de pied, comme il arrivait à sa mère de lui administrer lorsqu’elle l’impatientait ou n’obéissait pas assez vite. Pourtant, la jeune elfe n’était pas méchante. Elle n’avait d’autre tort que d’exister alors que son père les avait abandonnées, peu avant sa naissance. Bien sûr, Aërin Tiwële-Zenf ne le lui avait jamais expliqué, mais elle tenait la fillette pour responsable de leur abandon et n’avait en conséquence, jamais réussi à l’aimer. Bien au contraire. Elle la haïssait… ou presque. Mais, ignorant ce fait, Tyra se révélait incapable de comprendre la raison du ressentiment que sa mère semblait éprouver à son endroit.
Le regard malheureux, elle remonta jusqu’à sa chambre et se blottit dans un coin de la pièce en ramenant ses petites jambes contre son buste, avant de poser la tête sur ses bras. Quelques secondes plus tard, elle fondait en sanglots silencieux, ses épaules seules tressaillant. Elle aimait tellement sa maman, pourquoi la détestait-elle ? Et pourquoi n’avait-elle pas de papa ? Chaque fois qu’elle avait posé la question, Aërin l’avait sèchement renvoyée. Elle était totalement seule.

~~~~~~~~~~~~~

Silencieuse, elle s'engouffra dans une taverne de la ville basse, sa large capuche dissimulant son visage. Il s'agissait du point de rendez-vous des soldats de la garde. D'un pas fluide, félin, elle se dirigea vers le recoin le plus sombre puis, sans s'annoncer, prit place à la table d'un humain d'allure peu engageante. Son informateur. À voix basse, ils échangèrent quelques mots qui semblèrent rapidement le mettre en colère. Pourtant, pas une fois elle n'éleva le ton ni ne perdit son flegme. Qui elle était, il n’en savait rien, mais il n’aimait pas sa nonchalance, son assurance déplacée... Il grogna. Une femme… Où allait le monde si une stupide femelle se permettait de le défier plutôt que de rester à sa place... Il avait bien envie de lui faire comprendre qu’elle ferait mieux de se trouver un mari, de pouponner sagement en laissant ce genre d’endroit aux hommes… sans oublier les armes qu’elle n’avait pas à porter. Il ne voyait d’ailleurs pas pourquoi elle en possédait. Quoi de mieux pour cela que de lui rappeler sa condition ? En ricanant, il lança son poing vers elle afin de l’attraper au collet pour écraser sa bouche contre la sienne… Il fut trop lent. En une seconde, une lame comme surgie de nulle part se trouvait sur sa gorge, prête à la trancher au moindre geste vindicatif.
- Tu es folle, femme ! rugit-il en posant la main sur la garde de son épée, prêt à la tirer de son fourreau.
- Je te le déconseille si tu tiens à certaines parties de ton anatomie, dit-elle alors en tirant de quelques centimètres le fin poignard accroché à sa ceinture, dont le fil étincelant paraissait tranchant comme un rasoir.
Toujours furieux, l’homme comprit pourtant que l’inconnue ne plaisantait pas. Il déglutit péniblement, puis laissa retomber son bras. Un hochement de tête approbateur accueillit ce geste et elle ôta son arme. Toujours impassible, elle répéta ensuite sa question sans se lasser. Son minéral regard bleu glacier fixé sur son interlocuteur sans pourtant qu’il l’aperçoive, elle attendait qu'il parle. Elle savait que cet instant viendrait tôt ou tard. Il arrivait toujours. Le silence, lourd, glacé, retomba entre eux. Sentir son vis à vis d'une stupidité sans borne étira ses lèvres en un sourire froid. A présent qu’elle le tenait, tel un fauve ayant bondi sur sa proie, elle ne le lâcherait plus.
- Et bien ?
Deux mots. Deux minuscules petits mots prononcés par une voix grave et chaude, d’un ton dénué de toute émotion mais empli d’une menace sous-jacente.
Tentant de dissimuler sa stupeur derrière un sourire bravache, il essaya une pirouette.
- Si je vous dis ce que je sais… qu’est ce que j’aurais en échange ?
Avec une nonchalance stressante pour son interlocuteur, elle leva ses longues jambes, puis posa ses pieds sur la table avec le plus parfait sans-gêne. Elle prit ensuite dans une poche des extensions de cuir, qu'elle fixa à ses mitaines, avant de sortir une pièce de monnaie qu'elle commença à faire sauter en l’air à intervalles réguliers, sans rien dire.
Le nouveau silence qui venait de s’installer fit couler un filet de sueur glacée le long de la colonne vertébrale de l’officier. Qu’attendait-elle pour répondre ?
Un temps infini sembla s’écouler avant que la voix se fasse de nouveau entendre.
- Ta vie peut-être… ou peut-être pas.
Une réponse qui n’en était pas une. Qui voulait à la fois tout et rien dire. Mais il n’avait pas d’autre choix.
- Il passera par la porte réservée aux domestiques, demain à midi.
- Escorte ? demanda-t-elle ensuite.
- Dix hommes.
- Parfait.
Elle se leva, le dominant de toute sa taille et l’espace d’une minute, le garde crût qu’elle allait repartir comme elle était venue. Il ne vit qu’une pièce. Celle avec lequel elle jouait, qu’elle lui posa dans la main. Un froid intense, puis une grande chaleur. Il ne sentit rien de plus. Il n’en eut pas le temps. II s’affaissa lentement sur la table. Très efficace, ce poison tiré de la Leimyn . Ne jamais laisser de témoins. C’était une règle.
Quelques secondes seulement s’étaient écoulées lorsqu’elle quitta l’endroit.
L’Ombre noire. La Mort Subite. La Seija ... Ses surnoms s’avéraient nombreux, mais tous inspiraient la crainte. Les personnes pouvant se vanter d'avoir aperçu son visage étaient très rares sinon inexistantes, car elle frappait si vite que ses victimes n'avaient même pas le temps de pousser un ultime cri... et nul ne lui avait jamais échappé. Méthodique, froide, impitoyable, elle faisait ce qui devait être fait sans compassion ni aucun autre sentiment. Ses frappes s'avéraient même si précises qu'elles en devenaient chirurgicales. Pas de mouvement inutile. Jamais. Lorsqu'elle voulait un renseignement, elle l’obtenait toujours car personne n'osait la défier, de peur d'y laisser la vie. Le Fléau. L'Insensible. L’Invisible. Solitaire, mystérieuse, elle avait littéralement surgi des profondeurs de la nuit des années auparavant.

~~~~~~~~~~~~~

- Maman ! Réveille-toi maman ! Il y a du bruit !
Dans une petite bicoque en plein milieu de la ville basse, l’enfant secouait sa mère inerte autant que le lui permettaient ses maigres forces. La femme, allongée sur un matelas en piteux état posé sur un cadre de bois instable, se tenait plus immobile qu’une statue depuis de longues heures ; mais la fillette âgée d’une petite dizaine d’années refusait de voir que c’était anormal.
Un autre bruit. Plus fort. Un grincement qui ne trompait pas. Quelqu’un gravissait le vieil escalier branlant.
Une nouvelle fois, elle essaya, pressée par la peur.
- Maman !
Un silence brusque, puis un bruit infime. Une main sur la poignée de l’autre côté de la porte.
Abandonnant sa mère, la petite fille, affolée, terrorisée, se jeta sous le lit par instinct de conservation, n’osant presque plus respirer.
Quelques pas et des pieds bottés de noir apparurent dans son champ de vision, tout près d’elle. Bien trop près. Elle ferma très fort les yeux, espérant de toutes ses forces que l’intrus s’en aille vite. Les secondes s’égrenèrent lentement sans qu’elle n’entende le moindre son et soudain… Le couvre-lit qui la dissimulait se souleva. Deux bras se glissèrent sous le meuble. Elle recula instinctivement en rampant, mais des mains qui lui parurent énormes se saisirent d’elle avec rudesse, comme si sa présence à cet endroit ne faisait aucun doute pour leur possesseur. Trop terrifiée pour bouger ou pousser le moindre cri de frayeur, elle fut tirée de sa cachette, puis soulevée comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’une plume. Elle resta tétanisée, fixant le géant qui lui faisait face.
- Silencieuse et discrète. Parfait.
Ce fut tout ce que formula l’homme sombre qui, debout devant elle, la tenait fermement par les épaules. Les uniques paroles, énigmatiques, qu’il prononça sans pourtant s’adresser à elle. Elle ne vit pas son visage et ne réalisa ce qui se passait que lorsqu’il l’entraîna vers la porte.
- Non ! Maman ! protesta alors la fillette, retrouvant sa voix au moment de quitter sa mère.
Il s’immobilisa, avant de tourner brusquement la toute jeune elfe vers lui.
- Elle est morte.
La froide réalité assénée d’un ton sec, sans la moindre trace de compassion.
La petite fille se doutait de quelque chose de ce genre, mais elle n’avait pas voulu le voir. Elle avait nié la vérité, voulant se convaincre que sa mère était seulement malade. Pourtant, à présent que la vérité la rattrapait, la fillette comprenait qu’elle était seule, aux mains de cet inquiétant humain. Immobilisée devant la porte menant à l’escalier, elle fondit en larmes, puis, la tête tournée vers le corps sans vie de sa mère, s’écria d’une voix déchirante :
- Maman ! Non ! Ne me laisse pas ! Reviens !
Une secousse brutale suivit ces quelques mots, ces pleurs bien légitimes.
- Silence petite idiote, fit l’inconnu d’une voix sourde, ou tu subiras le même sort qu’elle…
La menace fut proférée sans qu’il hausse le ton. L’effet fut pourtant immédiat et, si la jeune elfe hoquetait toujours, les larmes coulant encore sur ses joues pâles, elle se tut. Mais cela ne suffit pas à son bourreau, qui essuya brutalement ses pleurs de son gant orné d’éléments métalliques. Ce geste griffa cruellement le petit visage apeuré. Du sang perla de la fine estafilade générée, mais il ne s’en soucia pas.
- Ces larmes étaient les dernières de ta vie, déclara-t-il en la fixant sous sa capuche. A partir d’aujourd’hui, si je t’y reprends, tu le payeras cher, crois-moi.

~~~~~~~~~~~~~

A pas feutrés témoignant d’une longue habitude, elle se faufila à l’arrière du bâtiment. Une dizaine d’hommes… Un jeu d’enfant. La routine. Tapie contre le mur d’angle, elle attendit. C’était une question de minutes sinon de secondes. La porte arrière s’ouvrit, accompagnée de bruits de pas et d’ordres claquant comme un fouet. Ils étaient là. Exactement à l’heure prévue, l’escorte était sortie de la bâtisse. Un sourire froid naquit sur ses lèvres. Des loyaux défenseurs dont elle ne ferait qu’une bouchée.
Avec une célérité surhumaine, elle se glissa derrière le dernier soldat. Sa lame gauche jaillit. Il s’écroula, privé de vie. Méthodiquement, elle fit de même avec tous et pas un n’eût le temps d’alerter ses collègues.
De nouveau la porte. Elle se retourna, faisant face au nouvel arrivant. Sa victime.
- Mais… qu’est ce que… balbutia l’aristocrate en apercevant au sol les corps de ses protecteurs.
Elle ne répondit pas. Sa lame souillée de sang en disait assez long.
- A la g…
Il ne put pas terminer sa phrase. En un bond, elle l’avait rejoint. L’instant d’après, lui aussi gisait à terre, la dernière étincelle de vie s’éteignant à jamais dans son regard.
Toujours impassible, elle essuya son arme, la rétractant dans son logement avec le mot de pouvoir adéquat, puis disparut aussi furtivement qu’elle était arrivée.

~~~~~~~~~~~~~

- Encore !
Du haut de la falaise, le mot claqua durement aux oreilles de l’enfant. Ses mains fines se trouvaient couvertes de plaies et autres contusions, sans compter le sang qui les maculait, rendant sa progression dangereuse. A tout moment elle pouvait chuter, se rompre le cou… mais manifestement, il n’en avait cure.
Les dents serrées comme pour contenir autant la douleur que les tremblements de ses bras fatigués, elle raffermit sa prise, serrant la pierre tranchante à s’en faire blanchir les articulations. Elle devait terminer cette ascension coûte que coûte, sinon elle s’en repentirait, elle le savait. Tyra leva le bras. Une prise, puis une autre. Une anfractuosité où elle posa son pied. Elle regarda plus haut afin de se rendre compte du chemin restant à parcourir. Ne pas regarder en bas. Jamais. Regarder en bas équivalait à regarder en arrière, à regarder le passé. Et il avait été très clair à ce sujet : ni passé ni avenir, seulement le présent. C’était une règle. La seconde du Code
Qui il était, elle l’ignorait toujours. Elle savait qu’elle ne le saurait probablement jamais, mais après tout quelle importance ? Elle n’était rien. Ni pour lui, ni pour personne. Alors pourquoi se préoccuper de l’identité de son… professeur ? Instructeur ? Elle ne savait même pas de quelle façon penser à lui. Jamais une parole aimable, jamais d’encouragement… Elle ne possédait aucune réalité ou presque. La seule chose qui l’empêchait de se sentir inexistante, était la douleur qu’elle éprouvait tous les jours dans ses muscles, sur son dos lorsqu'elle échouait. Alors à qui manquerait-elle si elle lâchait prise, là, maintenant ? Si elle se laissait tout simplement tomber du haut de la falaise ? Personne ne la regretterait…
- Dépêche-toi !
L’ordre avait fusé, aussi impérieux que le premier. La jeune elfe sortit de ses réflexions, en sursautant, manquant lâcher prise. Se rattrapant de justesse, Tyra regarda de nouveau la paroi. Relativement lisse, celle-ci offrait peu d’aspérités sur lesquels s’appuyer et, parfois, de petits pans de roche s’effondraient sous son poids, pourtant léger, manquant la précipiter dans le vide… à sa grande horreur car la fillette souffrait de vertige. Pourtant, malgré ces difficultés, malgré son épuisement grandissant, malgré son envie d’abandonner, elle poursuivit son escalade. Il ne lui permettrait pas de s’arrêter de toute façon. Le bras droit, la jambe gauche, le bras gauche, la jambe droite et recommencer. Inlassablement. Les mètres succédaient aux mètres, semblables mais différents. En grimaçant, elle aborda un passage escarpé, difficile. Trempée de sueur, elle ne sentait plus ses bras frêles mais ne songea même pas à se plaindre. Il ne l’écouterait pas. Le temps semblait s’être arrêté. Elle avait l’impression que jamais elle n’atteindrait le sommet. Elle y parvint pourtant après de longues minutes d’efforts supplémentaires, puis s’écroula, à bout de forces, tentant de retrouver un rythme respiratoire normal.
- Pitoyable…
Ce fut le seul commentaire qu’elle obtint comme récompense pour sa ténacité, lorsqu’il la vit arriver.
L’enfant ne répliqua pas et ne leva pas non plus les yeux sur lui, de crainte qu’il ne découvre dans son regard la haine qu’elle lui portait. Il attendait d’elle une obéissance aveugle, un acharnement sans limite, une dévotion totale à la voie qu’il avait choisie pour elle. Elle ne savait toujours pas comment il l’avait trouvée ni comment il avait su où elle se cachait. Il ne le lui avait pas dit et ne le ferait probablement jamais, mais quelle importance au fond ? Maintenant, elle avait une vie, un avenir. Sombres, mais réels. A son image, elle était vouée à la solitude. Condamnée à la nuit.

~~~~~~~~~~~~~

(1) Leimyn : plante hautement toxique dont on peut tirer un poison létal foudroyant
(2) Seija : grand félin au pelage noir et aux griffes redoutables. Se prononce « séya »
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Tàri Eledwhen
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MessageSujet: Re: Profession, assassin Chapitre 1 : Premier contact   Profession, assassin   Chapitre 1 : Premier contact Icon_minitimeMar 16 Sep - 22:56

(partie 2 du chapitre)



C’était l’heure. Elle sortit de sa demeure pour se rendre au point de rendez-vous, situé dans les bas quartiers de Llinmaï. Un endroit où elle était sûre que nul ne mettait jamais les pieds passé une certaine heure, car il s'agissait d'un véritable coupe-gorge, même pour des malfrats. Elle devait rencontrer son unique collègue encore en vie. Zan Dress, un elfe noir, le seul qui se soit montré assez rusé pour se jouer des patrouilles sillonnant la ville. Tous les autres avaient été arrêtés, puis exécutés. Les uns après les autres. Et la jeune femme avait assisté à leur trépas sans sourciller. On récolte ce que l’on sème… Ces imbéciles avaient mérité leur sort.
- Tyra…
Une voix familière. Elle se retourna, peu surprise de le trouver dans son dos.
- Zan…
Les salutations étaient froides, mais logiques. Ils étaient concurrents après tout. Parfois, pourtant, ces rencontres s’avéraient nécessaires.
- Quelles nouvelles ?
La question avait fusé des deux côtés en même temps.
Tyra haussa les épaules, puis répondit évasivement :
- La routine.
Elle ne se confiait pas. Jamais. « La connaissance de l’autre est le premier pas vers sa destruction » lui avait un jour dit son maître. Il avait raison. Si elle racontait ce qui se passait dans sa vie, les informations divulguées la mettraient en position de faiblesse. Elle haïssait la faiblesse.
- Et toi ?
Comme il lui racontait par le menu ses dernières missions, elle changea immédiatement d’avis à son sujet. Aussi crétin que les autres. Voir pire. Il venait de lui donner naïvement plus de moyens de pression qu’elle n’en avait besoin pour assurer ses arrières. En cas de problème, il suffirait de quelques mots à la personne adéquate pour le perdre définitivement. Elle le tenait dans le creux de sa main aussi sûrement qu’une aragne emprisonne un insecte dans sa toile. Elle retint un sourire moqueur.
- Aikryo Daikin, l’élève de Seln Avar, a décidé de prendre la relève de feu son maître, l’informa Dress après un court silence.
- Tiens donc…
Un sourire prédateur naquit sur les lèvres de la jeune femme. Un oisillon voulant jouer chez les rapaces… Comme c’était… ridicule. Il ne tiendrait même pas deux semaines. Il n’avait pas plus les épaules pour suivre cette voie, que ne les avait son mentor.
- Grand bien lui fasse… commenta-t-elle sobrement d’un ton neutre. Comment l’as-tu appris ?
- Il est venu me demander des conseils.
- Tu les lui as donnés ?
- Mais… oui, répondit-il, déconcerté.
- Alors tu es encore plus idiot que je ne le supposais, lâcha Tyra sans aménité.
- Quoi ?! fit-il, indigné, en sortant son poignard.
L’elfe ricana.
- Tu es bien susceptible…
- Tu viens de m’insulter… grogna Zan.
- Si tu te vexes, tu es faible, asséna-t-elle de nouveau en tournant les talons, laissant son interlocuteur seul au milieu de la ruelle, ébahi par cette sortie brutale.
Il aurait dû avoir l’habitude de sa façon de faire depuis le temps qu’ils se connaissaient. Il savait qu’elle ne prenait jamais congé, estimant qu’il s’agissait d’une perte de temps, pourtant cette attitude l’étonnait à chaque fois.

~~~~~~~~~~~~~

- Allez, attaque !
Haletante, en sueur et couverte d’entailles sanguinolentes, elle considéra son mentor qui la maltraitait sans répit depuis presque trois heures. Ses doigts étaient tellement crispés sur la garde de la lourde épée qu’il lui avait mise entre les mains qu’il lui semblait que plus jamais elle ne parviendrait à les déplier.
- C’est mou ! Du nerf !
- Mais je fatigue !
- Ce n’est pas mon problème ! Attaque, sinon…
Elle soupira. Oui, elle savait. Si elle n’obéissait pas ou échouait, elle serait fouettée. Elle ne comptait plus les zébrures marquant son dos, témoins criants de ses nombreux échecs. Même si sa mère l’avait souvent giflée dans sa petite enfance, elle n’avait jamais fait preuve d’une telle violence envers elle. Elle avait donc appris la véritable douleur à son contact. Sa mère… Son souvenir, flou, s’effaçait peu à peu dans sa mémoire, lui laissant l’impression de se rappeler d’un rêve. Après tout, elle avait à peine dix ans lorsque, sans explication, il l’avait arrachée à la maison qui l’avait vue naître. Plus le temps passait, plus ce dont elle se rappelait de cette époque prenait les allures de brumes indéfinies, de vagues sensations. Incompréhension, tristesse… C’était à peu près tout.
Dans un effort de volonté, elle reprit pied dans la réalité afin de soulever l’arme pour la centième fois de la journée au moins. Elle porta ensuite un nouveau coup, oblique cette fois, qu’il bloqua sans aucun mal. Il se paya même le luxe de bâiller ostensiblement afin de marquer l’incompétence de son élève.
Elle grimaça, cachant de son mieux sa vexation et prit sur elle de reprendre le laborieux exercice, quitte à y laisser ses dernières forces. Elle refusait de se laisser davantage humilier même s’il le faisait chaque jour de mille façons différentes, s’arrangeant toujours pour qu’elle se sente plus bas que terre malgré ses efforts continuels. Serrant les dents, elle continua donc, parée à chaque attaque.
- Allez, enchaîne ! Plus vite !
Elle s’obstina à lui porter des offensives, tâchant d’augmenter la cadence, ainsi que la précision afin de le contenter. Pourtant, au bout d’un long moment, ses muscles trop sollicités crièrent grâce et elle s’affaissa en poussant un gémissement étouffé, l’épée tombant au sol dans un fracas métallique.
- Debout ! Immédiatement !
L’ordre avait de nouveau fusé, mais le corps de l’enfant refusait d’obéir.
Dans un mouvement brusque, il l’empoigna par le col pour la remettre sur ses pieds, l’empêchant ainsi de retomber à genoux.
- Je crois t’avoir donné un ordre, apprentie… fit-il d’une voix sourde n’augurant rien de bon.
- Je n’y peux rien, tenta-t-elle de plaider sans trop y croire. Je me suis dépassée, mais je n’en peux plus.
Elle savait qu’elle serait punie, mais pour le moment, elle ne se trouvait pas en état de s’en soucier. Elle n’aspirait plus qu’à une chose : dormir. Elle se sentait plus épuisée encore qu’après sa première escalade, des semaines auparavant et éprouvait l’impression confuse qu’il voulait la tuer à la tâche.
Il ricana.
- Si tu veux aller dormir, tu vas devoir te lever et marcher. Sans aide.
Ayant dit cela, il la lâcha, puis s’éloigna sans se retourner, la laissant seule.



Harassée, la jeune fille parvint dans leur demeure presque deux heures plus tard. Elle avait mal partout. La moindre parcelle de son corps la faisait souffrir et elle regardait avec désespoir le haut de l'escalier qui la mènerait bientôt à la petite chambre qu’elle habitait. Cette pièce dans laquelle son instructeur entrait à sa guise sans se préoccuper le moins du monde de son intimité. D’ailleurs, celle-ci était inexistante car il s’en moquait comme d’une guigne. La jeune fille se préparait à monter la première marche lorsque son maître l'interpella.
- Où penses-tu aller ?
- Dormir, répondit Tyra d'une voix lasse, comme c'était une évidence.
Il croisa les bras.
- Tu penses certainement que le bois va se couper tout seul et que l'eau va venir d’elle-même dans le seau ?
Éberluée, la jeune elfe se tourna vers lui, croyant avoir mal entendu.
- Exécution !
Visiblement, ses oreilles ne l'avaient pas trompée. Il était fou ! Ne voyait-il pas qu'elle avait déjà du mal à se mouvoir ? Comment voulait-il qu'elle accomplisse ses corvées journalières dans cet état ?
- Mais... tenta-t-elle de protester.
- Exécution, ai-je dis ! Tu n’iras pas dormir avant de toutes façons.
Que pouvait-elle dire ? Rien. Il ne l’écouterait pas. La mort dans l'âme, elle se traîna lamentablement jusqu'au puits. Avec l'impression qu'on lui arrachait les bras, elle tira ensuite sur la corde en s’arc-boutant contre la pierre pour remonter le lourd seau remplit d'eau, son joli visage déformé par l'épuisement, la douleur. Les secondes s'égrenaient lentement mais elle finit par apercevoir l’anse du récipient. Avec effort, elle le hissa sur la margelle, puis le fit basculer tout en tentant de le rattraper. Elle ne fut pas assez rapide. La moitié du liquide tomba au sol, ne tardant pas à être absorbé par la terre. Dans un nouveau soupir, elle recommença toute l’opération malgré son harassement. Il était inutile de revenir si le seau n'était pas plein puisqu'il la renverrait sans la moindre pitié pour son épuisement. Lorsque celui-ci fut enfin rempli, elle entreprit de le porter péniblement jusque chez eux.
- Tu en mets un temps, fit-il, impitoyable. Presses-toi un peu, la nuit va tomber.
Tyra ne répondit rien mais son regard flamboyait de haine. Elle serra les dents, puis emmena son fardeau à la cuisine. Elle n'avait nulle pitié à espérer de lui, elle le savait. Elle avait atteint la limite de ses forces, c'était flagrant, mais il s’en moquait éperdument. Elle se dirigea donc dans la cour, regardant le tas de bois d'un air désespéré, puis la lourde hache qu'il allait lui falloir manier. Mais soudain, ses jambes cessèrent de la porter. Elle s'écroula et s’endormit en touchant le sol.
Elle ne se réveilla que bien plus tard, en frissonnant dans le vent nocturne. Se traînant péniblement jusqu’à la maison, elle alla vers l’escalier, elle entreprit de le gravir avec difficulté, chaque marche paraissant comme une petite montagne pour ses jambes fatiguées. Elle allait rejoindre sa chambre… ou du moins ce qui en tenait lieu, car elle n’avait pas d’intimité ou presque. Praven rentrait chez elle sans cesse, se moquant comme d’une guigne de savoir si elle était habillée ou non. Le seul moment ou il la laissant un peu en paix était la nuit. Et encore, uniquement quand il ne lui prenait pas l’envie subite de lui faire faire quelque chose.

~~~~~~~~~~~~~

Assise dans le fond de la pièce, Tyra attendait. Elle attendait qu’il arrive en sirotant tranquillement un verre de jus de zana . Ses yeux se posèrent sur la population louche qui fourmillait dans la hideuse gargote : des individus avinés posaient leur regard concupiscent sur les serveuses qui tentaient d’éviter leurs mains baladeuses tout en faisant leur travail ; des soldats jouaient aux dés ; dans un coin, deux colosses s’adonnaient à une partie de bras-de-fer, encouragés par quelques clients à l’aspect rebutant… Le décor, lui non plus, ne s’avérait pas des plus reluisants : un chaudron cabossé luisant de graisse se trouvait suspendu dans un âtre crasseux, juste au dessus d’un monceau de cendres froides. Une dizaine de tables à la propreté douteuse entourées de bancs bancals, un comptoir à peine assez grand pour permettre à trois personnes d’y prendre place… Tout à fait le genre d’endroit où elle passait inaperçue.
La porte s’ouvrit et quelqu’un entra. Elle tourna la tête. Si son instinct ne la trompait pas, c’était lui. Son commanditaire. Un sourire sardonique aux lèvres, elle observa l’accoutrement dont il s’était affublé pour ce qui s’avérait certainement sa première visite dans cette partie de la capitale. Ainsi vêtu, il pensait certainement se fondre dans la masse. Manqué. Sa cape faisait trop neuve, ses bottes cirées grinçaient au moindre pas… tout en lui respirait le haut gradé fortuné. Croisant les bras, elle resta un moment à le fixer, attendant de voir si quelqu’un d’autre allait le repérer aussi facilement. L’un des colosses s’approcha soudain de lui, puis commença à lui parler, tandis que, discrètement, un homme plus petit se glissait au sol pour tendre une main habile vers la bourse, bien visible, accrochée à sa ceinture. Elle l’avait vu venir. C’était une évidence. Et lui qui ne se doutait de rien… Zenf ricana intérieurement tout en continuant à observer le manège. Elle allait attendre encore un peu avant de le rejoindre. La situation était trop amusante. Comment pouvait-on atteindre un si haut grade en se montrant si peu méfiant ? Le larcin fut effectué en quelques secondes sans que la victime ne réagisse, puis le voleur se replia rapidement vers l’autre bout de la salle. Elle décida alors que cela suffisait et se leva. Avec son habituelle célérité, elle fondit alors sur le détrousseur, lui appliquant une puissante clé de bras qui lui fit lâcher l’escarcelle en poussant un cri de douleur. La plainte fit se retourner son commanditaire, qui la dévisagea, surpris de sa vivacité. Tordant tant et plus le bras du malfaiteur qu’elle tenait toujours, elle insista jusqu’à entendre un craquement sinistre. Elle le lâcha alors sans lui jeter un regard, avant de récupérer l’aumônière qu’elle rendit sans un mot à l'officier médusé. C’est alors que le géant se jeta sur elle pour venger son comparse. Bien mal lui en prit. Vive comme l’éclair, elle l’attrapa par le poignet, avant de le jeter à terre à l’aide d’une prise spéciale apprise des années auparavant. Puis, de l’autre main, elle sortit sa dague dont elle vint placer la pointe sous la gorge de son agresseur.
- Récupère ton ami… et filez, ordonna-t-elle d’un ton n’admettant aucune réplique.
Pas un mot de plus. Ce n’était pas nécessaire. Il avait comprit. L’homme se releva et fila sans demander son reste en abandonnant sur place son acolyte blessé. Elle ricana en le voyant quitter les lieux précipitamment, puis se tourna vers le militaire.
- Nous avons quelque chose à régler je crois…
Revenant de sa stupéfaction, celui-ci la dévisagea, réalisant à qui il avait à faire.
- En effet. Mais après tout ça, rester ici n’est…
- Tu n’as pas remarqué que personne n’a bougé ? Les rixes sont quotidiennes ici. Aucun danger. Parle.
Il hocha la tête sans paraître s’offusquer du tutoiement familier, puis passa quelques instants à lui expliquer en détails où, quand et comment trouver sa victime.
- Vous avez carte blanche, conclut-il en poussant vers elle la bourse qu’elle venait de lui rendre.
Un sourire froid naquit sur ses lèvres. Elle aimait ce type d’instructions.
- Je te recontacterai.
Sur ces mots, elle saisit l’aumônière et quitta l’endroit sans se retourner. Elle avait une mission à préparer.

~~~~~~~~~~~~~

Un craquement insignifiant. Elle n’y fit pas attention. Lui si.
- Tu as encore échoué, apprentie.
La constatation tomba pour la vingtième fois de la journée au moins. Elle soupira. Elle avait pourtant l’impression de respecter scrupuleusement ses consignes… Caler sa respiration sur le souffle du vent, ne plus faire qu’un avec la forêt, alléger son pas jusqu’à ne plus peser davantage qu’un syr … Tout cela et même davantage, elle l’effectuait sans relâche depuis le matin, alors pourquoi n’y parvenait-elle pas ?
Un sifflement. Une nouvelle morsure de la lanière de cuir. Dents serrées, elle n’émit pas une plainte. Elle avait trop l’habitude. Depuis des mois à présent, Praven avait recours au fouet pour l’éduquer, la modeler. Il n’avait aucune idée de la réalité, des réelles conséquences de ce traitement sur elle. Il ne pensait certainement pas que chaque coup le rendait un peu plus détestable à ses yeux, tout en renforçant sa volonté ainsi que son envie de rébellion. Un jour... Oui un jour, il paierait.
- Recommence !
Elle le fusilla du regard, le vouant intérieurement aux gémonies.
Il ricana.
- Tu me hais…
Elle ne répondit pas. D’ailleurs, il ne s’agissait pas vraiment d’une question mis au moins il était conscient de ses sentiments à son égard.
- Tu dois apprendre, fit-il alors, énigmatique.
- Apprendre quoi ? interrogea-t-elle en retenant à grand peine une grimace de souffrance.
- A ne plus rien ressentir. Pour personne. Maintenant recommence. Et si tu échoue encore, ce sera double ration.


(3) Zana : fruit produisant un jus violet, épais et fort en bouche
(4) Syr : petit rongeur au pelage marron, commun dans les forêts de Sayanë
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MessageSujet: Re: Profession, assassin Chapitre 1 : Premier contact   Profession, assassin   Chapitre 1 : Premier contact Icon_minitimeMar 16 Sep - 22:59

(partie 3 du chapitre)


Sans rien dire, elle repartit vers son point de départ, plusieurs centaines de mètres en amont. Une fois seule, un rictus de douleur tordit sa bouche juvénile comme le tissu de sa fine tunique trempée de sueur collait aux marques sanguinolentes de son dos. Ne plus rien ressentir… Facile à dire… Elle ressentait une seule chose. De la haine. Véritable et profonde. Envers lui qui l’avait arrachée à tout ce qu’elle connaissait pour lui imposer cette vie.
Elle soupira, puis s’obligea à faire abstraction de tout pour se concentrer sur l’exercice. La jeune elfe s’engagea une fois encore dans les taillis. Pas de nuage, respiration aussi ténue que la légère brise qui souffle sur les plaines de l’Alfen en été, elle se fondit soudain dans le décor.
Aucun craquement. Le plus total silence. Pourtant elle approchait. Invisible. Encore quelques mètres. Manifestement, il ne l’avait pas encore repérée. Est-ce que par hasard… Non, elle n’osait l’espérer. Elle le contourna pour réapparaitre devant lui.
- Me voici.
Il sursauta. Lui. Lui que rien ni personne ne surprenait jamais.
La considérant de son regard aigu, il ne prononça tout d’abord pas une parole, puis…
- Intéressant...
Un mot. Un seul. Mais elle sut que, pour une fois, elle avait triomphé. Sans savoir ce qui s’était produit au juste, elle tenait sa première victoire. Elle sourit.

~~~~~~~~~~~~~

Silencieuse, invisible, elle se glissa dans une ruelle sombre jusqu'à une enceinte qu'elle escalada sans mal. Ce geste, elle l'avait déjà effectué bien des années auparavant, lors de ses Épreuves. Elle sauta souplement de l'autre côté et se faufila dans le jardin plongé dans la pénombre. Soudain, des bruits de pas. Des pieds bottés à en juger par le bruit sec sur les pavés du chemin situé à quelques mètres d’elle. Une patrouille. Une dizaine d'hommes à priori. Son ouïe, entraînée comme celle d’un aveugle, ne la trompait jamais. Elle avait appris à reconnaître les différences de sonorité entre les pas de chaque personne. Elle se plaqua contre un tronc noueux, attendant que les sentinelles s'éloignent.
Quelques gardes passèrent à proximité, puis un bruit de sabots claquant sur le pavé se fit entendre. Un hennissement et une imposante monture noire comme la nuit, portant son cavalier avec une aisance qui démontrait sa puissance, fit son apparition. L'individu mit pied à terre tandis que tous le saluaient dans un ensemble parfait. L'homme leur répondit d'un signe de tête, puis, après avoir flatté le chanfrein de sa monture à la longue crinière de jais, disparut dans l'encadrement d'une porte.
Un coup d'œil. Un seul. C'était lui. Sa victime. Quelques instants encore. Ne pas bouger. A peine respirer. Dans le froid de la nuit, elle se hâta vers le bâtiment dans lequel il venait de pénétrer, mais le contourna par la droite. Cherchant du regard une ouverture quelconque par laquelle se glisser, elle avisa la petite fenêtre. Elle sourit. Il se trouvait toujours loin au dessus de sa tête. Hors de portée. Du moins pour un banal tire-laine. Pas pour elle. Elle sortit de sa botte l’un des poignards qui ne la quittaient jamais et le planta entre deux pierres. L'escalade commença. Appuyée sur le dernier poignard planté, elle sortit un petit objet de sa poche, avant de s’affairer à découper le verre de la demi-lune. Une incantation murmurée et le morceau prélevé chuta sans bruit. Elle se faufila dans l'étroite ouverture ainsi dégagée, puis se laissa tomber au sol. Se relevant, elle regarda autour d'elle. Le même bureau, toujours inutilisé apparemment. Parfait. S'approchant de la porte, elle y colla l'oreille afin de détecter des bruits de pas, mais n'entendant rien après quelques secondes, ouvrit le battant pour se glisser dans le corridor. Quelques minutes encore. Elle se dirigea dans les méandres labyrinthiques du bâtiment et approcha une nouvelle porte. Impossible de se tromper. Son informateur avait été très clair. Il s'agissait de son bureau.



Il ôta son heaume en poussant un léger soupir d'aise, avant de le poser sur le socle, à droite de son fauteuil. La pièce était méticuleusement rangée, organisée, reflétant l'extrême ordre dont faisait preuve son occupant. Il prit place dans son siège, puis décrocha de sa ceinture un tube qu'il ouvrit pour en tirer un parchemin qu'il étala sur sa table de travail.



Elle posa la main sur la poignée et la fit jouer lentement. Très lentement. Le moment était arrivé. Elle entra.
L'homme sursauta, avant de se relever en rabattant sa capuche avec une rapidité surprenante, de manière à ce qu'elle n'ait pas le temps de voir son visage.
Sans un mot, elle s'approcha, dissimulant la surprise d’avoir été entendue derrière un masque indéchiffrable. Avec une vélocité déconcertante. Inhumaine.
Mais il ne s'agissait pas là du premier venu. D’un geste, il pivota pour suivre sa progression et ne pas laisser son flanc exposé.
- Encore un assassin… murmura-t-il d'une voix grave qui imposait le respect.
Un sourire froid, implacable, naquit sur le visage de la jeune femme. Pas un mot. Elle fonça sur lui de toute sa vitesse et, au dernier moment, fit apparaître les lames mortelles dissimulées sur le dessus de ses mitaines d'une torsion des poignets.
Le guerrier eut juste le temps d'esquiver d'un pas sur le côté avant de se saisir de son avant bras et de lui asséner un violent crochet à l'estomac.
Il était rapide. Plus rapide que ses habituelles victimes. Elle n'eût pas le temps d'anticiper son mouvement et encaissa de plein fouet le coup de poing, mais ne broncha pas ni ne se laissa une seconde pour réfléchir. Elle avait trop l'habitude de se battre pour se laisser décontenancer par un opposant plus vif que les autres. Attrapant le poignard qu'elle avait replacé dans sa botte, elle sauta habilement sur le meuble le plus proche, puis s'élança de nouveau, tel un rapace fondant sur sa proie.
Anticipant cette nouvelle attaque, il se décala au dernier moment en portant la main à sa broche, puis dégrafa sa cape, qu'il projeta sur la jeune femme à la toute dernière seconde. Profitant de l'effet de surprise, l'homme attrapa ensuite son casque pour le remettre.
Se débarrassant de l'encombrant tissu, elle le rejeta au sol pour fixer sa proie. Enfin quelqu’un d’intéressant. Elle n'avait encore jamais rencontré quiconque qui lui résiste. L'expérience s'avérait aussi intéressante que stimulante. Elle le toisa.
- Si tu t'imaginais que ce serait facile en acceptant le contrat... J'ai déjà éliminé dix des tiens...
Il asséna cette phrase sans aucune aménité, laissant ses doigts caresser le pommeau de la longue épée qu'il portait au côté droit.
- C'est parfait, rétorqua alors l’elfe dans un sourire froid, faisant enfin entendre sa voix grave et chaude. Enfin un peu d'action.
Une épée apparut soudain dans la main droite de l’elfe. Elle était prête. Prête à tout. Avec célérité, elle engagea le combat, lui portant une série de coups précis, mortels.
Avec une rapidité au moins égale, le guerrier esquiva ses attaques, dégainant son arme au dernier moment pour parer une passe verticale. Cette épée, dont la lame comportait un sillon central était forgée en acier noir aux reflets irisés, possédait un aspect quasi effrayant. Pas commun. Unique même.
Elle dégagea rapidement son sabre pour repartir à l'attaque, toujours aussi virulente. Un coup au flanc droit, un vers le cœur... et brusquement, en plus de l'épée, la lame gauche de l’assassin entra dans la danse.
Son opposante continuant ses offensives, il sentit la lame du poignard rayer sa protection d'avant bras gauche. Repoussant une nouvelle fois l'assassin, il vint frapper son plastron du pommeau de son épée, puis disparut pour réapparaître dans le dos de la jeune femme.
Stupéfaite de cette soudaine disparition, elle s'abstint pourtant de le montrer et se retourna. Ne jamais perdre des yeux son adversaire. C'était le prix de la survie, le prix de la vie. Elle le fixa, soupçonnant la magie. Ainsi lui aussi... Intéressant.
Mais elle ne fut pas assez vive. De la garde, il la frappa à la mâchoire avant d'inverser sa prise, fondant sur elle d'une passe horizontale.
Un bond. Un seul. Elle vola littéralement au dessus de lui, esquivant la mortelle attaque. Ce damné général était plus résistant qu'elle ne l'aurait pensé.
Au lieu de s'arrêter, il poursuivit sa passe en pivotant sur lui même et lorsqu'elle posa pied à terre, la lame arriva rapidement sur elle.
Elle roula au sol. Avisant le creux sous le bureau, elle se retrouva rapidement de l'autre côté du meuble. Hors d’haleine, ce qui était fort rare dans son activité.
- Tu es essoufflée il me semble...
Elle ne répondit pas. Ses yeux bleu glacier fixés sur l'issue, elle calculait. Pour la première fois de sa carrière, elle calculait comment se replier. Un bon assassin savait quand une mission était un échec. Celle-ci en était un. Pour le moment du moins car elle reviendrait terminer le travail. Agacée d’avoir manqué à sa mission, elle sauta sur le meuble, bondissant avec une détente impressionnante. Se réceptionnant non loin de la porte, elle fonça vers elle en lançant en ultime avertissement :
- Nous nous retrouverons.
Que tu crois... pensa le général avant de frapper de nouveau son poitrail de son épée.
En une fraction de seconde, il se retrouva dans l'encadrement de la porte, lui barrant le passage, avant d'ouvrir la main sur une boule de pouvoir écarlate dont la luminosité devint alors aveuglante. Il l'avait occupée en la provocant juste le temps nécessaire à invoquer cette attaque.
Comment est ce que... se demanda-t-elle en avisant la sphère incandescente.
Éblouie, elle porta la main à ses yeux, comme pour se protéger de l’intense rayonnement et devina que le globe était une arme. Elle était mal partie si elle ne faisait pas quelque chose rapidement. Alors elle incanta. Une formule sans fioritures, à son image. Un bouclier d'énergie apparut devant elle, invisible pour son opposant. Jamais encore elle n'avait eu besoin de l'utiliser. Elle allait voir ce qu'il valait. Elle attendit.
Le globe lumineux frappa de plein fouet le bouclier protecteur de la jeune femme qui, jouant son rôle, encaissa l'attaque. Cependant, la puissance de l'attaque la projeta violemment contre le mur, de l'autre côté de la pièce.
Le bouclier se dissipa. A moitié assommée par le choc, elle glissa légèrement le long de la paroi.
Prudemment, le guerrier s'avança en sa direction, son épée toujours en main, ne la quittant pas des yeux.
Bouger. Vite. Ou mourir ici. Hors de question. Elle se secoua, puis bondit de nouveau vers l'issue, roulant au sol pour aller plus vite. Elle devait sortir rapidement.
Il tendit la main dans sa direction. Sorti de sa protection d'avant bras, un projectile fondit droit sur le dos de la jeune elfe.
Un sifflement. Long. Strident. Il tentait d'assassiner l'assassin. Mais elle n'était pas si facile à tuer. Un nouveau sort. Une violente bourrasque qui dévia le trait mortel. Elle fila vers la porte.
Mais il n'avait pas l'intention d'en rester là. Elle ne sèmerait pas le général des armées de l'Empire aussi facilement. Avec une rapidité sans égale, il se lança alors à sa poursuite sans la quitter du regard.
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MessageSujet: Re: Profession, assassin Chapitre 1 : Premier contact   Profession, assassin   Chapitre 1 : Premier contact Icon_minitimeMar 16 Sep - 22:59

(fin du chapitre)


A toute vitesse, elle fonça dans les couloirs, empruntant ceux qu'elle avait suivis précédemment, le bruit des bottes de son poursuivant sonnant désagréablement à ses oreilles. Elle retrouva le bureau désaffecté où elle se faufila adroitement par l'étroit passage. Débouchant dans la venelle, elle reprit ensuite sa course à travers les rues, sentant sa présence sur ses talons. Comment le semer ? Bifurquant brusquement, elle s'engouffra dans un bâtiment pour grimper à l'étage supérieur. Là, elle se rua sur une ouverture et, calculant soigneusement la distance, se jeta à travers. Battant un instant des bras pour retrouver son équilibre vacillant sur le fin parapet opposé, elle dût seulement à son entraînement drastique de ne pas basculer dans le vide. Sans prendre le temps de vérifier s'il la suivait toujours, elle recommença ensuite à courir.
Se doutant qu'elle n'était pas entrée par la grande porte mais qu'elle ferait tout pour quitter le bâtiment, le guerrier, qui avait emprunté un autre chemin, se tenait déjà à l'extérieur. Il avisa sa silhouette dans la pénombre et se lança de nouveau à sa suite sans même faire appel à ses hommes. C'était une affaire personnelle. Il comptait bien régler ses comptes seul. Il la suivit dans l'immeuble, grimpant les marches quatre à quatre. Puis à son tour, il bondit par l'ouverture. Plus grand qu'elle, il n'eut aucun mal à atterrir de l'autre côté. Bientôt, il arriva à sa hauteur.
Jurant à mi voix lorsqu'elle s'en rendit compte, la jeune femme lança un sort d'enchevêtrement pour le ralentir, puis repartit de plus belle, maudissant sa ténacité.
Comprenant qu'elle n'avait pas d'autre choix, elle prononça une nouvelle formule... et disparut de sa vue. Elle devait se dépêcher. Le sortilège durait peu de temps. Gagner sa demeure protégée par la magie était sa seule issue pour le moment. Heureusement, elle savait précisément où elle se trouvait. Elle se précipita. Vite. Plus vite, avant qu'elle ne redevienne visible. Encore quelques instants. Elle ouvrit la porte et referma le battant derrière elle. Juste à temps
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